le paysage politique des démocraties occidentales
Parler de "droite" et de "gauche" a-t-il encore un sens en 2013?
(page commencée en 2013)
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Droite et gauche en 1960
Gauche : prone le socialisme de Karl Marx, abolition du capitalisme et donc socialisation des moyens de production et des services. Le socialisme apparait autour de 1848
Centre : prone la social démocratie et le capitalisme Keynesien et donc la finance et les marchés sont régulés, les services essentiels sont publics, l'inflation les investissements publics et le rerutement de fonctionnaires peuvent être utilisés pour relancer l'économie. La création monétaire reste publique (les états peuvent faire tourner la planche à billets.) Une partie des salaires est mutualisée (salaire indirect) pour la santé, les retraites, le chômage etc. Le keynésianisme apparait autour de 1936
Droite : prone le libéralisme et le capitalisme monétariste et donc dérégulé, les lois du marché sont naturelles, le marché s'autorégule, libre circulation des marchandises et des capitaux, tout doit être privatisé, l'inflation est "interdite". La création monétaire est privatisée ( les états ne frappent plus la monnaie mais enpruntent sur les marchés financiers). Le chomage, les retraites , les soins sont totalement confiés à des assurances privées. Le monétarisme apparait autour de 1947 puis se paufine en 1953 et en 1960 aujourd'hui en 2013 on peut le définir ainsi ou ainsi . Plusieurs dénominations sont recensées pour le monétarisme, on trouvera ainsi parfois les termes de "révolution conservatrice", de "néolibéralisme", ou "ultralibéralisme".
Droite et gauche de nos jours
Pendant sa conférence de presse (voeux 2014), François
Hollande n’a pas hésité à déclarer : « L’offre crée même la demande. » Un
axiome posé par Jean-Baptiste Say, économiste français du début XIXe
siècle, héros des libéraux, qui considérait que « c’est la production qui
ouvre des débouchés aux produits » (loi de Say). L’idée : quand vous créez
un produit, vous ouvrez, par la valeur créée par ce produit, un débouché
pour d’autres produits. Agir sur la consommation ne sert donc à rien. La
conséquence de cette loi, c’est que l’économie retrouve, à long terme,
l’équilibre, de façon automatique. Plus tard, Keynes a démoli la loi de
Say : « A long terme, nous serons tous morts. Les économistes se fixent
une tâche peu utile s’ils peuvent seulement nous dire que, lorsque l’orage
sera passé, l’océan sera plat à nouveau. » Pour Keynes, dans les
situations de sous-emploi, l’Etat doit agir sur la demande afin de
relancer la machine économique : en baissant les impôts ou en augmentant
les dépenses publiques.
http://rue89.nouvelobs.com/2014/01/15/pourquoi-politique-loffre-serait-gauche-249020
Citer Say, c'est tourner le dos à Keynes et donc clairement
se positionner à droite, dans le camp des monétaristes. Pourtant quasiment
le même jour la presse française est unanyme : "François Hollande l'a
enfin avoué : oui, il est social-démocrate !" ....
http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20140115.OBS2348/la-presse-francaise-salue-un-president-libere.html
Et bien non, il n'est pas social démocrate, il est
clairement monétariste, la presse contribue au brouillage du message, il
faut coûte que coûte maintenir l'illusion qu'il y a encore une gauche...(
alors que même en étant social démocrate il serait du centre et pas de
gauche)
"François Hollande est apparu hier, lors de sa conférence de presse, en
président "libéré" revendiquant enfin sa ligne "sociale-démocrate" pour
ouvrir "un nouveau chapitre du quinquennat", assurent les éditorialistes
de la presse nationale et régionale mercredi 15 janvier... "François
Hollande l'a enfin avoué, il est social-démocrate", comme l'assurent
plusieurs éditorialistes. " nous dit le noubvel
Obs
Dans une période que j'ai évaluée entre 1963 et l'assassinat de Kennedy et 1990 où le web devient accessible à tous on va voir le socialisme quasiment disparaitre, je ne parle pas du stalinisme mais bien du socialisme. Voir la chronologie de cette période de transition
En réalité c'est la gauche qui va quasiment disparaitre, telle qu'elle était décrite auparavant (voir ci dessus).
Le parti socialiste va d'abord adhérer à la social démocratie. Puis progressivement tous les partis socialistes occidentaux vont devenir libéraux et soutenir des politiques monétaristes lorsqu'ils seront au pouvoir, tout en continuant à se prévaloir de la social démocratie. En France la droite gaulliste qui était plutôt keynesienne va disparaitre au profit de la droite libérale.
A la fin de la période de transition la paysage est le suivant en France :
- Socialisme : PCF, LO, puis PCF et PG et Front de Gauche
- Keynesiannisme : majoritaire dans aucun parti. tendances minoritaires du PS. L'offre Keynesienne social-démocrate disparait du paysage
- Monétarisme : PS, UDF puis MODEM , RPR puis UMP
Le FN varie avec tantôt un discours monétariste (à l'époque de Jean Maris Le Pen) et tantôt un discours plus protectionniste et donc plus keynesien, et même parfois un discours profondément anti monétariste ( par exemple la campagne anti mondialiste et anti finance dérégulée de Marine Le Pen après la crise des subprimes assez proche sur ce point là du discours marxiste de Mélenchon candidat du Front de Gauche).
Les écolos aussi on en trouve un peu partout sur les positions relatives à l'économie.
Cependant quasiment tout le monde ( dans les médias et donc dans la majorité de la population) reste sur le schéma antérieur où on trouverait donc:
- à l'extrême gauche : des socialistes ( PCF, LO puis PG et Front de Gauche) des anticapitalistes ( LCR puis NPA )
- à gauche : des keynesiens ( une petite partie du PS et les écolos) et des monétaristes ( le gros du PS)
- au centre : des monétaristes ( UDF puis MODEM)
- à droite : des monétaristes ( RPR puis UMP)
En réalité notre vie ne dépend pas du classement à gauche ou à droite des
partis qui nous gouvernent, notre vie dépend de la tendance du parti qui
gouverne, ce qui compte c'est de savoir s'il va mener :
- une politique monétariste libérale ( et donc de
droite)
- une politique keynésienne social-démocrate ( et donc
centriste)
- ou une politique marxiste socialiste ( et donc de
gauche)
- sachant que les anticapitalistes révolutionnaires et
donc l'extrême gauche n'ont pas vocation à gouverner en passant par les
urnes.
Ainsi les débats politiques que nous voyons dans les médias ne sont qu'un vaste jeu de dupes dans lequel des monétaristes font semblant de s'affronter alors qu'ils sont d'accord sur l'essentiel comme en témoigne l'histoire des 30 dernières années et les mesures prises par les divers gouvernements français ( le parti socialiste qui n'a plus de socialiste que le nom et le RPR devenu ensuite UMP).
Dans le même temps, on trouve de nouvelles dénominations sémantiques pour décrire la véritable gauche, celle qui voudrait abolir le capitalisme, distribuer équitablement les richesses, socialiser les moyens de production :
- l'ultra gauche
- la gauche de la gauche
La droite et l'extrême droite continuant de traiter le parti socialiste français pourtant monétariste de parti de "gauche socialo communiste" ou de "gauche socialo marxiste". On est donc en plein retournement sémantique orwellien
Le PS est monétariste depuis 1983.
Le socialiste de 1983 qui est monétariste est plus à droite que le gaulliste de 1960 qui était keynésien.
Depuis 1990, plus personne ne propose de politique keynésienne en réalité l'offre se limite en 2013 au socialisme du Front de gauche ou au monétarisme de tous les autres partis qui souhaiteraient gouverner. Il reste le FN dont on peine toujours à savoir quelle politique économique il mettrait en oeuvre.
Certains dans ce nouveau contexte adaptent le langage et considèrent qu'il faut désormais considérer que le socialisme est la doctrine défendue par le parti socialiste et que c'est lui qui définit désormais ce qu'on appelle la gauche.
Il considèrent que ce qu'on nommait "socialisme" entre 1848 et 1989 est maintenant la doctrine du front de gauche assez proche de celle du NPA pour qu'on mette tout ça dans le panier communisme -extrême gauche.
Pourtant on peine à voir les différences entre cette nouvelle gauche socialiste qui met en oeuvre une politique clairement monétariste et ce qui serait la droite actuelle qui met elle aussi en oeuvre une politique clairement monétariste.
Même sur le thème du discours sécuritaire on peine à voir la différence, comme en témoigne par exemple la politique d'expulsion du gouvernement hollande qui est identique à celle du gouvernement précédent, la différence se fait à la marge sur la détention ou non des enfants dans les CRA. Comme en témoigne également les propos de Manuel Valls ministre PS de l'intérieur en 2013 a sujet des Roms.
Pas de remise en cause de toutes les lois liberticides depuis les années 80, pas de remise en cause des multiples fichiers, pas d'asile pour Snowden. Une réforme du droit du travail dont la droite avait rêvé, une réforme des retraites basée sur l'augmentation du nombre d'annuités identique dans les arguments et le contenu à celle de Woerth Sarkozy en 2010 . La même politique monétariste pronée par la Troika dans toute l'europe en termes de dette et de dépenses publiques, même politique monétariste de diminution du nombre de fonctionnaire etc Du pur monétarisme, pas une once de keynesianisme et encore moins de socialisme.
Tout ceci et plus encore a conduit libération à réaliser cette une :
la Une du 10 septembre 2013 de "Libération"
Durant la campagne, Hollande avait fait de la finance son
grand ennemi au Bourget, mais dès le mois de février à Londres, il
rassurait les britanniques en se vantant dans les colonnes du Guardian
du fait que « la gauche a gouverné pendant quinze ans, pendant lesquels
elle a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance ». Les
grandes banques qui ne s’inquiétaient d’ailleurs pas vraiment (voir
l’interview de Doisy en avril), ont été très vite rassurées sur les
intentions du gouvernement avec le recul sur la séparation des activités
bancaires de fin décembre. Concernant les marchés, on voit bien dans les
discours de Hollande, Ayraut, Mosco ou plus récemment Cahuzac, que les
socialistes ont entériné une fois pour toute l’obligation de rassurer
les marchés, d’être crédibles en appliquant la politique qu’ils
souhaitent, sous peine d’en subir les assauts comme la Grèce. Mais cette
impuissance face aux marchés, elle est née en 84-86 et ils l’ont créé
eux-mêmes. Comme dit Chevènement, certains ne s’en rendaient peut être
pas compte à l’époque, mais 30 ans plus tard, après nouvelle crise
financière dramatique succédant à beaucoup d’autres, on pouvait attendre
des socialistes un retour critique sur leurs choix de l’époque, et une
réflexion profonde sur des alternatives.
http://blogdenico.fr/la-decennie-80-le-grand-cauchemar-partie-12-sur-le-tournant-liberal/
Qu’est-ce qu’une politique économique de gauche ?
La question n’est pas si simple, car il existe, en France, de nombreuses
gauches : étatiste, libertaire, productiviste, écologiste,
autogestionnaire, européenne, eurosceptique, etc.
Leur point commun, c’est l’idée qu’il faille construire une société dans
laquelle l’intérêt général prendrait le pas sur les intérêts particuliers,
les inégalités sociales seraient limitées, et les plus fragiles seraient
protégés contre les duretés de la vie. Pour construire une telle société,
la gauche prône une politique reposant sur cinq piliers :
une protection sociale robuste ;
des services publics solides ;
un droit du travail protecteur
une fiscalité redistributive ;
une politique de soutien au pouvoir d’achat et à l’emploi.
Lors de sa campagne électorale, François Hollande s’inscrivait fermement
dans ce programme-pentagramme. Il avait promis de négocier un pacte
européen de croissance, de réformer la fiscalité pour la rendre plus
juste... Chacune de ses décisions, avait-il promis, serait prise à l’aune
de la justice sociale.
Aujourd’hui, dans la formulation de ses priorités, force est de constater
qu’il s’est bien éloigné de ce socle idéologique. Depuis novembre 2012, il
a pris comme cap la compétitivité des entreprises, et il prend des mesures
allant dans ce sens. Il n’hésite pas à prélever des impôts chez les
ménages (TVA) et à alléger sans contrepartie les charges des entreprises
(CICE). Lors de ses vœux, il a certes évoqué l’idée d’une grande réforme
fiscale, mais pour aussitôt préciser que le sens de cette dernière était
d’aboutir à une baisse des impôts. Et s’il a évoqué la protection sociale,
c’est uniquement pour souligner la nécessité « d’en terminer avec les
excès et les abus ».
http://rue89.nouvelobs.com/2014/01/15/pourquoi-politique-loffre-serait-gauche-249020
Quand la gauche applique les mêmes vieilles recettes que la
droite
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/quand-la-gauche-applique-les-memes-140320
Ca fait peut-être drole de réaliser que le PS depuis 1983 en France a adhéré au monétarisme c'est à dire à peu près au système mis en place par Pinochet, auteur d'un coup d'état sanglant au Chili qui a coûté la vie à un véritable chef d'état qui entendait diriger le chili vers le socialisme. Il met en oeuvre le système expérimenté par les Chicago boys et qui s'est généralisé désormais. La politique de Thatcher...de Reagan, la politique de la très monétariste Union Européenne
Pour ce qui concerne les gouvernements de Miterrand et la cohabitation Jospin Chirac on peut consulter les différentes pages de chronologie où on verra notamment :
L'extraordinaire bilan des privatisations largement supérieur à celui des divers gouvernements de droite
On verra par exemple ceci : « De 1983 à 1993 la Bourse de
Paris, stimulée d’emblée par les réformes de structure impulsées par les
gouvernements Mauroy puis Fabius, aura vu sa capitalisation passer de 225
à 2 700 milliards de francs pour les actions »...
Un des fondamentaux du socialisme "la lutte des classes" est envoyé au panier lors du tournant de la rigueur de 1983 . Un tournant qui vaut aussi dans le langage : « La lutte des classes n’est pas pour moi un objectif, jure tout à coup Mitterrand.
Et puis, bien sur, il y eut le tournant, le jour ou le PS a basculé dans le camp des monétaristes
En octobre 1985, devant un parterre de patrons, lors du
Forum de L’Expansion, Michel Rocard pouvait déclarer, non sans provocation
: « Comment ne pas mentionner ce paradoxe qui a voulu que ce soit sous un
gouvernement de gauche, et par le gouvernement de la gauche, qu’ont été
revalorisés l’entreprise, le marché, le champ international, que ce soit
durant cette même période que les salaires et le pouvoir d’achat ont
baissé tandis que la bourse n’a cessé de monter ? »
http://rue89.nouvelobs.com/2014/01/15/pourquoi-politique-loffre-serait-gauche-249020
Pour Lordon, le néolibéralisme a compris que son combat se
gagnait certes dans les structures, qu’il faut réformer, mais aussi par
des luttes symboliques et culturelles. Il va utiliser une multiplicité de
canaux pour gagner les esprits, notamment les médias, mais aussi les
écoles de commerce et même d’ingénieurs, avec le développement en leur
sein de Business Schools, et les clubs d’investissements qui se
multiplient. La culture de l’argent s’insinue ainsi dans la société, et
fait du capitalisme financier un ennemi très difficile à combattre. Pour
Cusset, Le milieu des années 80 est marqué par un discours de propagande
visant à réconcilier les français avec l’argent, les entreprises et la
finance. Les émissions sur l’argent font florès à l’époque, avec des noms
qui paraissent invraisemblables aujourd’hui comme « Les faiseurs de fric
», et Bernard Tapie est le tapielepensymbole de ce déferlement médiatique.
On essaie à cette époque de rendre le libéralisme désirable, sexy, ce qui
est une rhétorique tout à fait nouvelle en France, puisque droite
conservatrice comme gauche marxiste méprisaient jusqu’alors l’argent. Le
discours sur l’argent des années 80 est pour lui le décalque exact de
celui sur le sexe dans les années 70 : la société française est coincée,
inhibée face à l’argent, il est important de transgresser ce tabou.
http://blogdenico.fr/la-decennie-80-le-grand-cauchemar-partie-12-sur-le-tournant-liberal/
Pour Frédéric Lordon, la date de 1986 est fondamentale, car
elle marque en France le début de l’ère dans laquelle nous baignons
toujours, celle du capitalisme financiarisé. Dès 1984, une première loi
Delors avait déréglementé le métier bancaire, ouvrant la voie notamment à
l’émergence des grandes banques universelles. Deux ans plus tard, la loi
Bérégovoy de 86 sur la dérèglementation financière (dérèglementation,
désintermédiation, décloisonnement) achevait le travail, notamment en
supprimant le monopole de la Banque de France sur la fixation des taux
d’intérêt, en autorisant les banques normales à exercer les métiers de
banques d’investissement, ou en supprimant l’encadrement du crédit. C’est
également sous Bérégovoy qu’a été créé le second marché, permettant aux
entreprises de taille moyenne d’être cotées en Bourse, et c’est Bérégovoy
toujours qui a créé en février 1986 le Matif (marché à terme des
instruments financiers), dédié à la spéculation financière pure sur les
obligations, les bons du Trésor ou les devises.
« J’aime beaucoup rappeler cette loi de déréglementation financière dont
je soutiens qu’elle est l’évènement peut-être le plus important qu’ait
connu la société française dans le demi-siècle écoulé. Lorsque cette loi
est votée on change de monde. Alors évidemment, à l’époque personne ne
s’en est aperçu mais en fait c’était la première étape d’une
transformation de première grandeur, qui allait emporter toute la société
française, et aussi tout les sociétés occidentales, et qu’on a résumée
sous le nom de « déréglementation financière ». Ca a entraîné la
libéralisation d’une des puissances du capital qui maintenant a le pouvoir
de faire valoir ses exigences sans qu’on puisse lui opposer la moindre
résistance ».
http://blogdenico.fr/la-decennie-80-le-grand-cauchemar-partie-12-sur-le-tournant-liberal/
Ou encore comment Rocard a ouvert une brèche dans
l'assurance maladie en 1989.
Contre les retraites, c’est le RPR qui a porté les coups les plus durs.
Mais loin de rompre avec la logique balladurienne, les socialistes
l’ont confortée – et habillée. En 1989, Pierre Bérégovoy transforme
ainsi le PER en PEP - Plan d’Epargne Populaire - et se déclare « pour la retraite
par capitalisation ». En 1997, de même, Dominique Strauss-Kahn,
alors ministre de l’Economie, préparera des « fonds de pension à la
française » - rebaptisés « fonds partenariaux ». « Partenaire » et «
populaire » : en deux adjectifs, le capitalisme devient « solidaire »…
En 1998, sous Jospin, plus de tabou, la rémunération des chefs d'entreprise français commence à rattraper celle de leurs collègues américains, mirifiquement payés, notamment grâce à leurs stock-options. Dans le reportage de France 2 traitant de la question, on ne perçoit aucune réprobation devant les niveaux de rémunérations évoqués.
Bien sur, le PS est un fervent partisan des réformes européennes et c'est donc logiquement qu'il soutient la privatisation de la création monétaire (une pure mesure monétariste). L'europe elle même soutient le modèle monétariste depuis le départ puisque la maitrise de l'inflation se trouve dans les traités quasiment depuis le début, le statut de la BCE est fondé sur un modèle monétariste.
Dès lors les électeurs pensent avoir le choix entre droite et gauche mais ils n'ont pas le choix car c'est le modèle monétariste dans tous les cas, on se différencie alors sur des sujets de société comme le mariage gay, la sévérité de la justice, sujets importants certes mais l'essentiel de notre quotidien se détermine sur le modèle économique.
« De 1983 à 1993, relève pourtant François Cusset, la Bourse de Paris, stimulée d’emblée par les réformes de structure impulsées par les gouvernements Mauroy puis Fabius, aura vu sa capitalisation passer de 225 à 2 700 milliards de francs pour les actions »...
« En matière de privatisations, se flattait en juillet 2000
La Revue socialiste, la “gauche plurielle” a réalisé en trois ans un
programme plus important que n’importe quel autre gouvernement français. »
Et cette « capitalisation » qu’il fallait acclamer pour sauver nos
retraites : « L’investissement en actions doit encore être développé,
insistait M. Strauss-Kahn, alors ministre de l’économie. Les fonds de
pension sont des investisseurs naturels en actions »...
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/11/RUFFIN/16507
le tournant de la rigueur (83) comme troisième inflexion
néo-libérale : un article assez poussé sur le sujet sur la question plus
globale : Peut-on parler d’un tournant néo-libéral en France ?
http://www.sens-public.org/spip.php?article577
Cusset estime que le PS est à partir de 83 schizophrène,
car il n’assume pas son virage social-libéral, contrairement au parti
travailliste anglais par exemple. Il avance au contraire sur deux voies,
continuant à agiter des promesses de progrès social pendant les
campagnes, pour ensuite, une fois au pouvoir, mener des politiques dans
le sens inverse sans jamais avouer à ses électeurs ce qu’il est en train
de faire. La déroute électorale que le PS subira en 1993, notamment
auprès des ouvriers, sera liée en partie à ce manque de sincérité.
http://blogdenico.fr/la-decennie-80-le-grand-cauchemar-partie-12-sur-le-tournant-liberal/
depuis les lois de déréglementation bancaires et financières, la gauche socialiste est le meilleur ami de la finance, ce qu’elle a confirmé en 92 avec la création des PEA et les incitations fiscales pour orienter l’épargne vers les produits actionnariaux, en 97 avec la défiscalisation des stock option, et en 2001 avec l’épargne salariale financiarisée.
Qu'en est-il de la lutte des classes?
On pensait le concept enterré, ils ont essayé de l'enterrer avec la chute du mur, personne n'osait plus en parler, jusqu'à cette étrange mobilisation de 2008 après la crise des subprimes. On a même vu apparaitre par la suite des slogans du type "la lutte c'est classe" ou encore des autocollants "Je lutte des classes" dans les cortèges de 2010.
L'un des premiers à l'avoir exhibée en 2008 c'est Warren
Buffet himself !
"La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, celle
des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la
remporter." C’est Buffett qui a formulé ce jugement. Surnommé « l'oracle
d'Omaha », l'homme d'affaires Warren Buffett, habitué du trio de tête des
hommes les plus riches du monde depuis plusieurs années, accède pour la
première fois à la place d'honneur en mars 2008, avec une fortune évaluée
à 62 milliards de dollars, selon le classement annuel du magazine Forbes.
Warren Buffett est donc en février 2008 l'homme le plus riche du monde.
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1519
Voilà ce qui arrive quand on glisse la poussière sous le tapis, elle finit toujours pas ressortir. Evidemment que la guerre des classes existe, elle a toujours existé on le sait depuis le milieu du XIX° siècle lorsque Marx l'a formulée à partir de ses observations. Oui c'est un fait qui ne valide pas pour autant la totalité de la doctrine marxiste. Warren Buffet a raison c'est un fait, mais en le glissant sous le tapis depuis 1984 avec la complicité des médias de masse, le peuple a fini par être convaincu que la lutte des classes n'existait pas, et ils ont arrêté de la mener. Depuis cette année là les grèves ont fondamentalement changé, le pouvoir s'est mis à les ignorer, puis à les réprimer de manière de plus en plus dure, les partis politiques qui portaient la lutte des classes ont fait des scores de plus en plus faibles aux élections, les français se sont de moins en moins syndiqués, les grévistes sont de moins en moins nombreux au fil des ans, le peuple a abandonné massivement la lutte des classes.
Mais les riches, eux, ont continué de la mener et la façon dont ils la mènent est assez simple, ils utilisent l'arme médiatique qu'ils se sont approprié pour distiller une propagande de plus en plus visible qui passe essentiellement par d'habiles glissements sémantiques, un discours unique s'impose maquillé en diversité apparente et propagé par des experts présentés comme neutres.
Ils se sont par ailleurs mis les partis elligibles dans la poche et réussi ainsi la double merveille finale du monétarisme et donc je vous livre la recette.
1) Diminuez les impots des plus riches et laissez perdurer les paradis fiscaux en prétextant que ça va dynamiser l'économie réelle
2) Le capital ainsi récupéré par les riches n'est pas injecté dans l'économie réelle mais dans l'économie virtuelle financière qui a un meilleur rendement. ainsi le riche a plus d'argent à placer et récupère donc plus de dividendes
3) Interdisez aux états de faire tourner la planche à billets et obligez les à emprunter sur les marchés, et donc au riches, qui peuvent preter encore plus car on baisse encore leurs impots
4) Grace au déficit ainsi créé dans le budget des états, autorisez les riches à spéculer sur la faillite des états en question, obtenez des privatisations au nom de la dette et de la réduction nécessaire des dépenses, puis enparez-vous des marchés ainsi libérés et réalisez encore davantage de profits que vous pourrez placer dans les paradis fiscaux ou sur le marché financier ou en leprêtant aux états.
5) Très important, pensez à baisser régulièrement les recettes de l'état (les impots pour les riches) de sorte à pouvoir continuer de réclamer des baisses de dépenses et à maintenir un déficit de façon à permettre que les états continuent à emprunter toujours plus et à un taux toujours plus élevé.
6) Quand le système s'écroule (ce qui est mécanique et inéluctable en suivant les étapes antérieures) au lieu d'encaisser vos pertes, obligez le petit contribuable à renflouer les banques et la finance.
Grace à ce processus les riches ont le beurre et l'argent du beurre, ils empochent quand il y a des bénéfices et ils récupèrent leurs billes quand le système s'effondre. Le monétarisme c'est le capitalisme sans le risque, un système dans lequel le riche gagne à tous les coups et gagne forcément de plus en plus d'argent
Mais bien sur comme j'expose tout cela, je suis un gauchiste, un dangereux idéologue, alors que les monétaristes eux, ainsi que tous leurs alliés (politiques et médias de masse) eux ne sont pas des idéologues, il n'ont aucune arrière pensée idéologique et ils font tout leur possible pour qu'on soit pas dans la mouise , ils font tout pour sauver la protection sociale?
Pour que le système change il n'y a que 2 solutions : soit les riches vont trop loin et tout se casse définitivement la gueule, soit la majorité du peuple comprend qu'il faut mener une lutte des classes active sous peine de retourner 100 ans en arrière avant les premiers congés payés , avant la sécu, avant la retraite par répartition avant toute protection sociale et avant tout droit du travail.
Le peuple doit recommencer à se syndiquer dans des appareils sincères qui roulent pour leur propre camp et pas pour la ploutocratie et il doit voter pour des partis politiques qui proposent des système keynesiens ou socialistes (selon leur préférence idéologique). Le peuple doit cesser de voter pour les monétaristes.
Par cette vaste comédie de fausse opposition entre les partis elligibles, les politiques portent la lourde responsabilité d'avoir vidé le suffrage universel de toute sa substance. ils ont montré les limites de la démocratie représentative professionnalisée. On sait aujourd'hui que la démocratie par délégation est dangereuse. Il faut reconquérir la démocratie. Le politique au sens noble du terme doit reprendre la main sur l'économie et mettre au pli la finance.
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