CHE GUEVARA:
«l'être humain le plus complet de notre époque» JP Sartre
en 1955 Les frères Castro partent en exil au Mexique, où se retrouvent tous les cubains décidés à renverser la dictature de Batista par la révolution cubaine. Pendant cette période, Castro a également rencontré Ernesto « Che » Guevara, qui a joint leurs forces. Ils sont entraînés par Alberto Bayo, un ancien chef militaire des républicains espagnols exilé au Mexique à la fin de la guerre civile espagnole. Le groupe se forme à la guérilla sous la conduite de Fidel Castro.
Le Che débarque avec les frères Castro Le 2 décembre 1956 avec 82 guerilleros du Mouvement du 26 juillet et joue un role très important dans la révolution Cubaine, Le Che sera commandant de la 4° colonne.
Raul Castro et le Che en 1958
Le 1er janvier 1959, Fulgencio Batista s'enfuit à Saint-Domingue.
Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre et Che Guevara se rencontrent à Cuba en 1960. Sartre écrira plus tard que le Che était «l'être humain le plus complet de notre époque».
Simone de Beauvoir, Sartre et le Che
Dès les années 1960, Cuba soutient de façon plus ou moins directe divers mouvements de guerilla communiste en Amérique latine (Venezuela, Guatemala, Bolivie), mais aussi en Afrique, par exemple au Congo en 1965. Le but est d'établir des focos, ou foyers de révolution, partout dans le monde.
Le che au congo en 1965
En décembre 1964 Che Guevara voyage à New York comme chef de la délégation
cubaine à l'ONU où il prononce le 11 décembre un discours à l'assemblée générale
contre la politique étrangère américaine, participe à une émission télé et rencontre
des personnalités aussi différentes que le sénateur Eugene McCarthy, des compagnons
de Malcolm X ou les Rockefeller. Le 17 décembre, il commence une tournée internationale
de 3 mois au cours de laquelle il visite la Chine, l'Égypte, l'Algérie, le Ghana,
la Guinée, le Mali, le Bénin, la République du Congo et la Tanzanie, avec des
étapes en Irlande, Paris et Prague. À Pyongyang, il déclare que la Corée du
Nord est un « modèle dont Cuba devrait s'inspirer ». À Alger, le 24 février,
il fait son dernier discours sur le devant de la scène internationale où il
déclare : « Il n'y a pas de frontières dans cette lutte à mort. Nous ne pouvons
pas rester indifférents face à ce qui se passe dans n'importe quelle partie
du monde. La victoire de n'importe quel pays contre l'impérialisme est notre
victoire, tout comme la défaite de quelque pays que ce soit est notre défaite.
»
discours du 11 décembre 1964 à l'ONU: en espagnol : http://www.patriagrande.net/cuba/ernesto.che.guevara/discursos/19641211.htm
En 1965, après avoir dénoncé l'exploitation du tiers monde par les deux blocs
de la guerre froide, il disparaît de la vie politique et quitte Cuba avec l'intention
d'étendre la révolution.
C'est lors de ce départ qu'il écrira sa fameuse lettre à
Fidel Castro
D'abord au Congo-Léopoldville, sans succès, puis en Bolivie où il est capturé
et exécuté sommairement le 9 octobre 1967 à La Higuera par l'armée bolivienne
entraînée et guidée par la CIA.
Entre sa capture et son éxécution, de nombreuses personnes ont
pu venir rendre visite à Guevara, dont l'institutrice du village qui lui apporte
à manger et rapporte une réponse du Che lors de sa dernière discussion avec
lui : «Pourquoi avec votre physique, votre intelligence, votre famille
et vos responsabilités vous êtes vous mis dans une situation pareille ? - Pour
mes idéaux».
Peu avant le Che, Simeón Cuba et Juan Pablo Chang sont exécutés sommairement.
En 1977, la revue Paris Match publie un entretien avec Mario Terán qui relate les derniers instants de Che Guevara : «Je suis resté 40 minutes avant d'exécuter l'ordre. J'ai été voir le colonel Pérez en espérant que l'ordre avait été annulé. Mais le colonel est devenu furieux. C'est ainsi que ça s'est passé. Ça a été le pire moment de ma vie. Quand je suis arrivé, le Che était assis sur un banc. Quand il m'a vu il a dit «Vous êtes venu pour me tuer». Je me suis senti intimidé et j'ai baissé la tête sans répondre. Alors il m'a demandé: «Qu'est ce qu'ont dit les autres ?». Je lui ai répondu qu'ils n'avaient rien dit et il m'a rétorqué: «Ils étaient vaillants!». Je n'osais pas tirer. À ce moment je voyais un Che, grand, très grand, énorme. Ses yeux brillaient intensément. Je sentais qu'il se levait et quand il m'a regardé fixement, j'ai eu la nausée. J'ai pensé qu'avec un mouvement rapide le Che pourrait m'enlever mon arme. « Sois tranquille me dit-il, et vise bien ! Tu vas tuer un homme !». Alors j'ai reculé d'un pas vers la porte, j'ai fermé les yeux et j'ai tiré une première rafale. Le Che, avec les jambes mutilées, est tombé sur le sol, il se contorsionnait et perdait beaucoup de sang. J'ai retrouvé mes sens et j'ai tiré une deuxième rafale, qui l'a atteint à un bras, à l'épaule et dans le cœur. Il était enfin mort.».
La mort du Che par le Monde Diplo: "En 1967, il y a de cela pratiquement
quarante ans, je résidais à Santiago du Chili, où je travaillais à l’université
tout en écrivant pour le journal londonien The Guardian. En janvier de cette
année-là, j’appris par des amis de la gauche chilienne que Che Guevara était
en Bolivie ; en mars, la première manifestation de la guérilla se produisit.
Dès le mois d’avril, une escouade de journalistes débarqua au campement de Ñancahuazú,
proche de la ville pétrolière de Camiri. Peu de temps après, un petit groupe
– dont faisait partie Régis Debray –, sorti du campement, fut capturé et ramené
à Camiri. A la même période, à La Havane, étaient publiés les derniers écrits
du Che, sous la forme d’un recueil intitulé Créer un, deux, trois... de nombreux
Vietnam, un appel à la lutte adressé à la gauche internationale.
Le pays se trouvait alors sous la dictature militaire du général René Barrientos,
officier de l’armée de l’air, qui avait accédé au pouvoir deux années plus tôt.
Avec l’apparition des guérillas, la Bolivie était soumise à la loi martiale.
La sortie des villes était contrôlée par des barrages militaires. Je pris toutes
les précautions nécessaires : j’arrivai en train pour éviter les aéroports,
qui étaient sous haute surveillance, et je me rasai la barbe car tout barbu
était d’emblée suspect. Mon idée était de voyager à travers le pays en me faisant
passer pour un touriste ordinaire, sans me faire enregistrer comme correspondant
étranger. C’était compter sans d’innombrables difficultés ; il était impossible
de voyager hors des villes sans l’autorisation écrite du commandant en chef,
le général Alfredo Ovando – qui devait devenir président par la suite.
Le soir du dimanche 8 octobre 1967, je me promenais avec un ami sur la place
principale de Santa Cruz lorsqu’un homme nous fit signe de le rejoindre à sa
table, à la terrasse d’un café. C’était l’un des militaires américains que nous
avions rencontrés au camp de l’Espérance. « J’ai des nouvelles pour vous »,
nous dit-il. « Du Che ? », demandâmes-nous, préoccupés depuis plusieurs semaines
par sa capture éventuelle. « Le Che a été pris, nous répondit notre informateur.
Il a été gravement blessé. Il est possible qu’il ne passe pas la nuit. Le reste
des guérilleros luttent avec acharnement pour le récupérer ; et le commandant
de la compagnie a demandé par radio un hélicoptère pour lui faire quitter les
lieux. Le commandant était tellement agité qu’on le comprenait à peine. On réussissait
seulement à entendre : “Nous le tenons, nous le tenons !” ».
Le Chevrolet monta une côte abrupte et se dirigea ensuite, en marche arrière,
vers un petit abri au toit de bambou, dont un côté était entièrement ouvert
aux intempéries. Nous sautâmes de la Jeep pour atteindre la porte latérale du
fourgon avant qu’elle ne s’ouvre. Quand elle le fit enfin avec violence, l’agent
de la CIA en surgit en vociférant de façon insolite : « All right, let’s get
the hell out of here ! » (« C’est bon, foutons le camp d’ici ! »). Pauvre homme,
il ne savait pas qu’un journaliste britannique se tenait derrière la porte.
" lire la suite sur le diplo: http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/GOTT/12432?var_recherche=guevara
Hasta siempre : buena vista social club |
Hasta siempre : Nathalie Cardonne |
LETTRE DU CHE à Fidel Castro
LA HAVANE
Année de l'Agriculture (1965)
Fidel,
Je me souviens en ce moment de tant de choses : du jour où j'ai fait ta connaissance chez Maria Antonia, où tu m'as proposé de venir et de toute la tension qui entourait les préparatifs. Un jour, on nous demanda qui devait être prévenu en cas de décès, et la possibilité réelle de la mort nous frappa tous profondément. Par la suite, nous avons appris que cela était vrai et que dans une révolution il faut vaincre ou mourir (si elle est véritable). De nombreux camarades sont tombés sur le chemin de la victoire.
Aujourd'hui, tout a un ton moins dramatique, parce que nous somme plus mûrs ; mais les faits se répètent. J'ai l'impression d'avoir accompli la part de mon devoir qui me liait à la Révolution cubaine sur son territoire, et je prends congé de toi, des compagnons, de ton peuple qui est maintenant aussi le mien.
Je démissionne formellement de mes fonctions à la Direction du Parti, de mon poste de ministre, je renonce à mon grade de commandant et à ma nationalité cubaine. Rien de légal ne me lie plus aujourd'hui à Cuba en dehors de liens d'une autre nature qu'on n'annule pas comme des titres ou des grades.
En passant ma vie en revue, je crois avoir travaillé avec suffisamment d'honnêteté et de dévouement à la consolidation du triomphe révolutionnaire. Si j'ai commis une faute de quelque gravité, c'est de ne pas avoir eu plus confiance en toi dès les premiers moments dans la Sierra Maestria et de ne pas avoir su discerner plus rapidement tes qualités de dirigeant d'hommes et de révolutionnaire.
J'ai vécu des jours magnifiques et j'ai éprouvé à tes côtés la fierté d'appartenir à notre peuple en ces journées lumineuses et tristes de la Crise des Caraïbes. Rarement, un chef d'Etat fut aussi brillant dans de telles circonstances, et je me félicite aussi de t'avoir suivi sans hésiter, d'avoir partagé ta façon de penser, de voir et d'apprécier les dangers et les principes.
D'autres terres du monde réclament le concours de mes modestes efforts. Je peux faire ce qui t'est refusé, en raison de tes responsabilités à la tête de Cuba et l'heure est venue de nous séparer.
Je veux que tu saches que je le fais avec un mélange de joie et de douleur; je laisse ici les plus pures de mes espérances de constructeur et les plus chers de tous les êtres que j'aime...et je laisse un peuple qui m'a adopté comme un fils. J'en éprouve un déchirement. Sur les nouveaux champs de bataille je porterai en moi la foi que tu m'as inculquée, l'esprit révolutionnaire de mon peuple, le sentiment d'accomplir le plus sacré des devoirs : lutter contre l'impérialisme où qu'il soit ; ceci me réconforte et guérit les plus profondes blessures.
Je répète une fois encore que je délivre Cuba de toute responsabilité, sauf de celle qui émane de son exemple. Si un jour, sous d'autres cieux, survient pour moi l'heure décisive, ma dernière pensée sera pour ce peuple et plus particulièrement pour toi. Je te remercie pour tes enseignements et ton exemple ; j'essaierai d'y rester fidèle jusqu'au bout de mes actes. J'ai toujours été en accord total avec la politique extérieure de notre Révolution et je le reste encore. Partout où je me trouverai, je sentirai toujours peser sur moi la responsabilité d'être un révolutionnaire cubain, et je me comporterai comme tel. Je ne laisse aucun bien matériel à mes enfants et à ma femme, et je ne le regrette pas ; au contraire, je suis heureux qu'il en soit ainsi. Je ne demande rien pour eux, car je sais que l'Etat leur donnera ce qu'il faut pour vivre et s'instruire.
J'aurais encore beaucoup à te dire, à toi et à notre peuple, mais je sens que c'est inutile, car les mots ne peuvent exprimer ce que je voudrais, et ce n'est pas la peine de noircir du papier en vain.
Jusqu'à la victoire, toujours. La Patrie ou la Mort !
Je t'embrasse avec toute ma ferveur révolutionnaire
ERNESTO CHE GUEVARA