Vendredi 13 Novembre 2015

6 attentats simultanés à Paris


Des attaques simultanées, une prise d'otages, menées par plusieurs tireurs kamikaze: c'est le scénario-cauchemar, que craignaient depuis des mois les services antiterroristes, qui s'est déclenché vendredi soir à Paris.
Au cours des dernières semaines, responsables et experts avaient prévenu que des attentats islamistes, d'une ampleur sans précédent, se préparaient contre la France et seraient quasiment impossibles à déjouer.

130 personnes ont été tuées et plus de 250 ont été blessées. Parmi elles, 99 se trouvent dans un état critique. Les victimes sont jeunes, il y a des français, des étrangers, de toutes confessions. Des gens qui étaient sortis pour faire la fête, sur des terrasses de café, dans une salle de concert.

Le mémorial des victimes : http://atelier.leparisien.fr/sites/longsformats/hommage/

"Le pays est dans la peine, j'ai pris un décret pour prolonger le deuil national pendant trois jours", a annoncé le président, ce matin, à l'issue d'un Conseil de Défense organisé à l'Élysée.

L'Etat islamique revendique dans un communiqué la série d'attentats : "Huit frères portant des ceintures explosives et armés de fusils d'assaut ont visé des sites choisis soigneusement au coeur de Paris", indique le communiqué.

La riposte de l'état français est sécuritaire et liberticide.

3 commandos de terroristes ont oeuvré.

Le premier commando ( 3 hommes)  circule à bord d'une Seat noire, ils ouvrent le feu sur les clients attablés en terrasse de bars et restaurants du 10e et 11e arrondissement et tuent 39 personnes, avant que l'un d'eux ne se fasse exploser. Abdelhamid Abaaoud abattu lors d'un assaut du Raid à Saint Denis faisait probablement partie de ce commando, avec Brahim et Salah Abdeslam. Le seul connu avec certitude à l'heure actuelle est Brahim Abdeslam qui a fini par se faire exploser boulevard Voltaire par Salah qui aurait ensuite fui. Exfiltré de France par 2 complices vers la Belgique en vue d'un départ vers la Syrie. La branche européenne de Daech lui reprocherait de ne pas être allé jusqu'au bout en n'actionnant pas sa ceinture d'explosifs.

le deuxième commando (3 hommes) attaque le Bataclan: bilan 90 morts.

Le troisième commando ( 3 hommes) rate son coup au stade de France mais réussit tout de même hélas à tuer un serveur.

la terrasse de la pizzeria La Casa Nostra rue de la Fontaine au Roi

La fusillade qui a eu lieu rue de la Fontaine au Roi s'est déroulée directement sur la chaussée, selon plusieurs témoins interrogés par notre reporter présent sur place. "On a d'abord entendu un tir, mais on a cru qu'il s'agissait d'un pétard ou d'un feu d'artifice. Puis on a entendu une énorme rafale, et tout le monde a compris qu'il se passait quelque chose d'horrible.

A quelques centaines de mètres du Bataclan, rue de la Fontaine au roi, la terrasse d'une pizzeria, La Casa Nostra, est visée. Cinq personnes sont abattues par plusieurs rafales d'une "mitrailleuse automatique"

le bar La Belle équipe rue de Charonne

D'après un témoin interrogé par nos journalistes sur place, un homme en voiture a tiré trois ou quatre rafales puis il a effectué des tirs uniques pendant 1'30 à 3' en remontant la rue de Charonne. Après cette fusillade, une majeure partie de la terrasse du restaurant « La Belle Equipe » était à terre.   

Témoin sur place : "j'ai entendu 3 ou 4 sessions de rafales sur le contenu d'un chargeur puis des tirs uniques"

Un jeune homme sorti de chez lui, à deux pas de la rue de Charonne, raconte :  "Je sortais faire une course, tard ce vendredi soir, et là, j'ai vu l'horreur, des corps sans vie sur le bitume, et des gens qui jetaient des draps depuis leurs fenêtres pour qu'on puisse recouvrir ces corps... C'est la guerre en bas de chez moi. J'ai pu rentrer chez moi, et me suis barricadé." 

18 personnes ont péri dans une scène de guerre. Un homme dit avoir entendu des tirs pendant "deux, trois minutes", "des rafales". "J'ai vu plusieurs corps à terre, ensanglantés", lâche-t-il. Selon lui, un café et un restaurant japonais ont été la cible des tirs, juste en face du foyer Palais de la femme.

le bar Le Carillon et le restaurant Le Petit Cambodge à l'intersection des rues Bichat/Alibert

Le petit Cambodge

Un témoin raconte la fusillade devant le "Petit Cambodge"

Une fusillade a eu lieu près de ce restaurant dans le 10e arrondissement vendredi soir. Julien, un témoin de la fusillade, affirme qu'il y a eu entre une vingtaine et une trentaine de coups de feu. Il estime que la fusillade a duré entre trente secondes et une minute. Bilan: au moins douze morts.

Brahim Abdeslam s’est fait exploser sur le boulevard Voltaire, dans le 11e arrondissement. Lundi matin, une vaste opération de la police belge à Molenbeek pour appréhender Salah Abdeslam (son frère) a été lancée. Elle s’est terminée en début d’après-midi, et personne n’a été interpellé, selon le porte-parole du parquet belge. La garde à vue du troisième frère, Mohamed Abdeslam, interpellé en Belgique, a été levée puisqu’il n’était pas impliqué. Au total, la justice belge a relâché cinq des sept suspects qui avaient été interpellés samedi, selon le parquet. Salah Abdeslam, 26 ans, présent à Paris au moment des attaques, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. C’est lui qui a loué la Polo noire qui a été repérée au Bataclan. Il aurait peut-être participé aux fusillades dans les 10e et 11e arrondissements.
Outre ce rôle de logisticien, établi par l'enquête, Salah a-t-il pris les armes ? Les enquêteurs ont d'abord pensé qu'il avait pu faire partie du commando qui a tiré en rafales, depuis une autre voiture noire, une Seat, contre des clients attablés en terrasse au coeur de Paris. Son frère aîné, Brahim Abdeslam, 31 ans, a pris part à ces attaques avant de se faire exploser dans un restaurant du boulevard Voltaire. Mais Salah était-il plutôt chargé d'une attaque dans le XVIIIe arrondissement mentionnée dans la revendication des attentats par le groupe jihadiste Etat islamique, mais qui n'a jamais eu lieu ?
http://www.leparisien.fr/faits-divers/attentats-salah-abdeslam-aurait-eu-un-contact-mardi-avec-un-ami-sur-skype-22-11-2015-5300267.php

abdeslam
Brahim à gauche et Salah à droite

Scénario non confirmé pour l'instant :

Salah Abdeslam a loué les deux voitures utilisées par les terroristes, retrouvées ensuite près du Bataclan et à Montreuil. Dans ce second véhicule, une Seat Leon noire, utilisée pour mener les attaques dans les bars du Xe et XIe arrondissements, ont été trouvés des kalachnikovs. Selon RTL, il aurait déposé son frère, Brahim, qui s'est fait exploser dans un café du boulevard Voltaire, avant d'abandonner le véhicule à Montreuil. Il aurait ensuite été exfiltré par deux amis en Belgique. Le trio a été contrôlé à Cambrai par les gendarmes samedi matin mais a pu continuer sa route. A ce moment-là, Salah Abdeslam – qui n'était pas fiché par les services de renseignement – n'était pas encore recherché et son lien avec les attentats n'avait pas été établi. La presse belge indique qu'il pourrait être revenu en France, à Saint-Denis, juste avant l'opération du Raid menée mercredi. "Il se serait donc trouvé dans l’appartement, aux côtés d’Abdelhamid Abaaoud, au lancement de l’assaut. Ce qui signifierait que son corps se trouverait parmi les décombres", écrit la DH. Autre piste : Le Nouvel Observateur a de son côté avancé la possibilité que le suspect ait craqué avant de passer à l’acte.

Le Bataclan

Il y avait 1500 personnes présentes à l'intérieur de la salle de spectacle, où se déroulait un concert de rock, lorsque quatre terroristes y ont fait irruption, tirant sur le public puis organisant une prise d'otages durant trois heures.

Eagles of Death Metal est un groupe de garage-rock originaire de Palm Desert, dans le désert californien, qui a travaillé avec des musiciens de premier plan comme Dave Grohl, de Foo Fighters et ancien de Nirvana. Le nom du groupe, choisi ironiquement par ses membres, leur cause d'être fréquemment pris à tort pour une formation de métal rock. Le groupe est composé de deux membres principaux, Jesse Hughes, 43 ans, et Josh Homme, 42 ans. Tout le monde sur scène a pu s'échapper".

un témoin raconte au Figaro : "On a vu deux hommes rentrer au Bataclan. Ils étaient armés, habillés normalement : ils ont tiré à l'extérieur et à l'intérieur de la salle". "On a appelé les policiers à 21h47"

Un journaliste d'Europe 1 présent dans la salle de concert raconte sur le site de la radio : "Deux ou trois individus non masqués sont rentrés avec des armes automatiques de type kalachnikov et ont commencé à tirer à l'aveugle sur la foule. L'attaque a duré une dizaine, une quinzaine de minutes. Ça a été extrêmement violent et il y a eu un vent de panique, tout le monde a couru vers la scène, il y a eu des scènes de piétinement". "Les assaillants ont eu tout le temps de recharger à au moins trois reprises. Ils n'étaient pas masqués, maîtres d'eux-mêmes. Ils étaient très jeunes", raconte-t-il.

«C'était le chaos. J'étais sur la droite dans la salle du Bataclan, une chanson de Eagles of death metal était en train de se finir, quand j'entends des bruits d'explosion comme des pétards, je vois le chanteur enlever sa guitare, je me retourne, je vois un type armé d'une arme automatique qui tire en l'air. Tout le monde se couche au sol. À partir de là, c'est l'instinct qui reprend le dessus, à chaque rafale, on essaye de ramper le plus loin possible des tireurs

d'après les premiers éléments de l'enquête, l'attaque au Bataclan qui a coûté la vie à plus de 80 personnes, a été commise par des terroristes qui parlaient le français. « Les enquêteurs disposent des enregistrements des discussions qui se sont déroulées pendant l'attentat », nous a confié une source sécuritaire.

00h23 assaut du Raid au bataclan

Selon plusieurs sources sur place, les forces de l'ordre ont lancé un assaut au Bataclan, où les terroristes sont toujours retranchés. Plusieurs coups de feu et des explosions ont été entendus. 4 énormes détonations et coups de feu en série


Trois à s'être fait exploser à l'intérieur du Bataclan, et un quatrième à avoir été tué lors de l'assaut des forces de l'ordre.

 L'assaut des forces de l'ordre a été donné peu avant 0h30 et s'est achevé vers 1 heure. Les quatre assaillants sont morts, dont trois en actionnant leurs ceintures d'explosifs. Un autre terroriste s'est fait exploser non loin, sur le boulevard Voltaire.



Ismaël Omar Mostefaï


Le premier kamikaze avait été identifié dès samedi grâce à des traces laissées dans le carnage du Bataclan. Il s’agit d’Ismaël Omar Mostefaï, un Français de 29 ans natif de Courcouronnes (Essonne), qui vivait ces dernières années dans le quartier de la Madeleine, à Chartres (Eure-et-Loir). Il faisait l’objet d’une « fiche S » pour radicalisation en 2010, mais n’avait « jamais été impliqué » dans un dossier terroriste, ainsi que l’a précisé M. Molins. Selon les informations du Monde, il aurait séjourné en Syrie entre l’automne 2013 et le printemps 2014. A son retour à Chartres, il avait été repéré lors de surveillances d’un petit groupe de salafistes par les services de renseignement.

« Quand plus de dix ans après, vous vous souvenez aussi bien du nom d’un élève, ce n’est pas bon signe », souffle au téléphone cet ancien membre du personnel éducatif de lycée Georges-Brassens à Courcouronnes (Essonne). Ismaël Omar Mostefaï a fait dans ce lycée de zone prioritaire, situé non loin de la mosquée d’Evry-Courcouronnes, une partie de sa scolarité.« Il était en filière professionnelle, en BEP ».
Du kamikaze du Bataclan, elle se rappelle surtout « d’un élève extrêmement difficile, qui posait problème. A l’époque, on ne parlait pas de radicalisation, ça n’existait pas. Mais il faisait partie de cette vague de jeunes qui cumulaient les absences, n’avaient rien à faire de l’école et qui oscillaient entre rébellion et incivilités, que ce soit avec les profs ou les autres membres du corps enseignant », note-t-elle.
« Aujourd’hui, dans nos établissements, on voit tellement de jeunes en décrochage scolaire et familial, que je ne suis même pas étonnée qu’un petit voleur puisse un jour tuer froidement des gens. »
http://atelier.leparisien.fr/sites/attentats-novembre-2015-paris/2015/11/16/a-courcouronnes-ismael-omar-mostefai-etait-un-eleve-extremement-difficile/


Samy Amimour,


 né le 15 octobre 1987 à Paris, et originaire de Drancy (Seine-Saint-Denis). Il est connu de la justice antiterroriste pour avoir été mis en examen le 19 octobre 2012 pour association de malfaiteurs en liaison avec une entreprise terroriste et placé sous contrôle judiciaire par la suite. A l’automne 2013, il avait violé son contrôle judiciaire, un mandat d’arrêt international avait alors été délivré.
Selon iTélé, il était conducteur de bus à la RATP. La Régie a confirmé qu'il avait quitté l'entreprise en 2012 après y avoir travaillé quinze mois.



Foued Mohamed-Aggad


Son aîné, Karim, 25 ans, lui aussi happé par le jihad, est actuellement incarcéré à Fresnes (Val-de-Marne). Parti en Syrie en décembre 2013 avec Foued et huit autres amis d’enfance originaires de Strasbourg — s’enquérait, depuis son retour et son interpellation, de son petit frère resté là-bas dans les rangs de l’Etat islamique. Aux questions insistantes de Karim, sa mère répondait : « Foued ne me raconte rien. » Une fois, avait-il confié à sa mère, il avait « séjourné chez un Syrien dans une grande maison avec piscine ». « Il ne me dit pas ce qu’il fait de ses journées », répétait inlassablement cette mère de quatre enfants, divorcée depuis 2007 du père de ses deux garçons. En mai pourtant, Fatima avait précisé à Karim que Foued se connectait avec elle « tous les jours, dès son réveil ». Mère, fils et soeurs espéraient le retour de Foued en France, alors que ce dernier avait pourtant exprimé sa volonté de mourir en « kamikaze en Irak »…
C’est au réveil, et « par les médias », que Saïd Mohamed-Aggad a appris hier matin que son fils cadet, Foued, était le troisième terroriste du Bataclan. Au fil des derniers mois, ce père de famille s’était résolu à l’inéluctable. « Nous nous étions parlé sur Skype pendant l’été, se remémore Saïd. Mais conserver des liens n’était plus possible. Ils lui avaient lavé le cerveau. En face de moi, j’avais l’impression d’avoir une autre personne que mon fils. Ça ne servait plus à rien. » Sur sa vie au sein de Daech, Foued était peu disert. « Il me disait juste que tout allait bien et n’arrêtait pas de parler de jihad. » Alors, Saïd Mohamed-Aggad s’attendait à apprendre un jour la tragique nouvelle. « Depuis 2013, ça ne cessait de me tourmenter. Je craignais qu’il ne meure sous un bombardement, ou à la guerre. »
« C’était un enfant calme, qui a grandi et fait toute sa scolarité en France, soupire Saïd. Il s’était mis à faire la prière, mais c’est tout. On a rien vu venir avant son départ en Syrie, lorsqu’ils nous ont fait croire, lui et son frère, qu’ils partaient pour des vacances. »

« Ton fils est mort en martyr avec ses frères le 13 novembre. » Par ces mots glaçants, envoyés le 28 novembre par SMS quelque part en Syrie, Fatima, 48 ans, la mère de Foued Mohamed-Aggad, a appris la mort de son fils cadet de 23 ans. Il est le troisième et dernier terroriste identifié du Bataclan, après Samy Amimour, 28 ans, et Ismaël Omar Mostefaï, 29 ans.
C’est l’épouse du kamikaze, qui était partie le rejoindre en zone de combat où elle a donné naissance à une petite fille, qui a adressé ce funèbre texto qu’elle conclut de manière laconique : « On m’a rapporté les affaires personnelles de ton fils. »

http://atelier.leparisien.fr/sites/attentats-novembre-2015-paris/2015/12/10/foued-mohamed-aggad-dun-village-dalsace-au-bataclan-via-la-syrie/



Le troisième assaillant  n'a pas encore été identifié.

le stade de France

 Match amical de football entre la France et l'Allemagne.

21h17 : La déflagration du premier attentat suicide retentit dans l’enceinte. Patrice Evra, alors ballon entre les pieds, réagit du visage avant de lever le bras gauche en signe d’incompréhension. Dans les tribunes, le public se demande d’où vient le bruit assourdissant.

21h19 : Une deuxième déflagration venue du deuxième attentat suicide se fait entendre mais personne ne prend réellement conscience de l’ampleur de la situation.

21h30 : Le président François Hollande a été exfiltré du stade par ses services de sécurité.

21h45 : La première période s’achève sur le score de 1 à 0 en faveur des Bleus dans une belle ambiance. Comme souvent, les réseaux téléphoniques sont saturés au Stade de France et le public n’a pas pris connaissance de la gravité de la situation.

22h00 : La deuxième période du match reprend. Le stade est survolé par les hélicoptères et les sirènes de police et des ambulances raisonnent au loin, couverts par le public qui assiste à une très bonne prestation de l’équipe de France. En fin de match, une Marseillaise retentit et le public déclenche même une Ola.

22h45 : Le match se termine sur une victoire des Bleus (2-0). Le speaker du stade a pris la parole pour expliquer que l'évacuation ne pourrait se faire que par trois portes (nord, sud, ouest), "en raison d'incidents aux abords du stade". Minimisant leur ampleur toujours, sans doute, pour éviter tout mouvement de panique.

Ils sont trois à s'être fait exploser aux alentours du Stade de France. Ils comptaient entrer mais les contrôles les en ont empêché, c'est pourquoi ils ont déclenché leurs ceintures à l'extérieur faisant une victime, un jeune serveur.

D'après le Wall Street Journal, qui a recueilli le témoignage d'un stadier présent le soir du match amical France-Allemagne, l'un des terroristes était muni d'un billet valable pour assister à la rencontre. Un quart d'heure après le début du match, il s'est présenté à la porte D, à l'est du stade. C'est lors de la fouille au pied des tribunes qu'un agent de sécurité a découvert que l'homme portait une veste explosive. Le kamikaze se serait alors fait exploser en échappant aux services de sécurité.
Cette version des faits est contredite ce matin par L'Equipe. Selon le quotidien sportif, deux terroristes planifiaient de perpétrer leur attentat-suicide dans les tribunes du stade... mais ne disposaient pas de billet. Les deux criminels se seraient présentés au stade à 21h05, l'un devant l'accès est, l'autre devant l'accès nord. A cette heure-là, le match a débuté et la plupart des autres entrées sont fermées «afin de rendre le stade hermétique», précise L'Equipe.
Refoulés «poliment mais fermement à deux reprises» par les agents de sécurité, les deux kamikazes se sont alors fait sauter à quelques minutes d'intervalle. Le premier devant la porte D et la brasserie «Events» à l'est du stade. Le deuxième aux abords de la porte H et du fast-food «Quick» au nord-est de l'enceinte (L'Equipe elle , parle de la porte J, contiguë à la porte H).
Quelques minutes plus tard, à 21h53, un troisième attentat-suicide se produira un peu plus loin du Stade de France rue de la Cokerie, près du Mc'Donalds. Si la première explosion a causé la mort d'un passant, les deux autres n'ont pas fait d'autres victimes que les kamikazes eux-mêmes.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/attentats-a-paris-les-kamikazes-ont-ete-refoules-du-stade-de-france-15-11-2015-5278685.php

Le directeur de mission d'une agence d'hôtesses pour le stade de France est l'un des rescapés de l'attaque. "J'étais en face du terroriste qui s'est fait exploser et le serveur qui venait de me donner le sandwich a été soufflé par l'explosion. Son corps gisait au sol devant la porte d'entrée, la police nous a interdit de sortir. J'ai dû attendre la police judiciaire pour témoigner."Une cellule psychologique a été mise en place pour les hôtesses en mission hier soir au stade de France.

Un passeport syrien et un passeport Egyptien auraient été retrouvés par les enquêteurs. Ce passeport syrien est au nom de Ahmad Al Mohammad, né le 10 septembre 1990 à Idlib (Syrie). Son authenticité reste à vérifier, indique le parquet, mais il existe une concordance entre les empreintes papillaires du kamikaze et celles relevées lors d’un contrôle en Grèce en octobre 2015.
Selon les autorités grecques, Ahmad al Mohammad avait été enregistré sur l'île de Leros, en face des côtes turques, le 3 octobre dernier. Il a quitté la Grèce à une date inconnue et a été repéré pour la dernière fois en Croatie quelques jours plus tard. Il a été le premier mort des attentats du 13 novembre en se faisant exploser à la porte D du stade de France.

Comme Ahmad al-Mohammad, le deuxième homme du commando à l'identité non révélée aurait emprunté la route des migrants par la Grèce. C'est ce que laisse supposer l'analyse de ses empreintes digitales, qui correspondent à celles relevées lors d'un contrôle, le 3 octobre 2015. Lors du même contrôle qu'al-Mohammad. Il s'est fait exploser à la porte H du Stade de France, rue Rimet, à 21h30 le vendredi 13 novembre.

Bilal Hadfi, âgé de 20 ans avait combattu en Syrie avec l’Etat islamique (EI), selon une source européenne de renseignement citée par The Washington Post. Chevelure brune, traits juvéniles, ce Français résidant en Belgique, qui a participé aux attentats les plus sanglants que la France ait connus, publie des photos d’une étonnante banalité: soirées shit-Playstation en jogging Adidas, cocktail en maillot au bord de la piscine, doigts d’honneur en pagaille, avec «le petit frère» habillé aux couleurs du Real Madrid, photos avec la bande en bas des tours...
Sa radicalisation a été fulgurante. Fan de rap, il cesse d'écouter de la musique, raconte son professeur qui témoigne de son changement après les attentats de Charlie Hebdo. Celui qui posait alors en maillot de bain tout sourire devant une piscine commence à tenir des propos extrémistes, juge que les femmes doivent porter le voile pour ne pas être violées... "J'avais l'impression qu'il allait exploser d'un jour à l'autre" confiera sa mère, désespérée, dans une interview au journal belge La Libre après le départ de son fils en Syrie. Un aveu prémonitoire. Le jeune homme s'est fait exploser vendredi soir aux abords du Stade de France.




18 novembre : Assaut à Saint-Denis.

Vers 4h00, 110 policiers d'élite lancent l'assaut contre un appartement dans le centre cette ville populaire de Saint-Denis, au nord de Paris. Le raid est spectaculaire et très violent. Plus de 5000 balles sont tirées par la police, le quartier est bouclé, un hélicoptère survole la zone, tandis que les habitants se terrent chez eux. L'immeuble s'écroule en partie, la situation est confuse, il y a trois morts, huit arrestations, indique dans la soirée le procureur de Paris, François Molins, qui mène l'enquête. L'opération de police dure environ 7 heures et se termine en fin de matinée.

À 4 h 16, l'assaut est déclenché lorsque les policiers tentent de faire sauter la porte. Mais le blindage de celle-ci résiste. L'effet de surprise n'est plus dans le camp de la police. Embusqués, les terroristes commencent à faire parler leurs kalachnikovs, ouvrant un feu nourri sur les colonnes des policiers qui ont lancé des grenades assourdissantes pour «sidérer» leurs adversaires. «Pendant des dizaines de minutes, des centaines de coups de feu ont été tirés coup par coup et en rafales sur les fonctionnaires. Bien que protégés par leurs porte-boucliers, cinq d'entre eux ont été blessés par des balles, des éclats ou des ricochets, à la main, au bras, dans les jambes ou encore dans le bas du dos…».

Passé 7 heures, l'un des snipers avise dans sa lunette un des forcenés qui tire en rafales. Il le neutralise, sans savoir si cet assaillant est mort ou non. À ses côtés, la femme kamikaze tire aussi sans discontinuer. «Elle s'est fait sauter toute seule dans l'appartement, en espérant que la force de l'explosion nous touche, explique le patron du Raid. Le souffle de la déflagration fait voler les vitres en éclats et tomber un des murs porteurs. Un bout de colonne vertébrale passe par la fenêtre avant de chuter sur une de nos voitures.» Une vingtaine de grenades assourdissantes sont à nouveau lancées pour maintenir la pression sur les irréductibles.

Selon le procureur de la République François Molins, les terroristes étaient programmés dans une logique jusqu'au-boutiste. Tout laisse à penser que le commando neutralisé à Saint-Denis pouvait passer à l'acte» pour un nouvel attentat, a ajouté le haut magistrat.

Saint-Denis : le patron du Raid raconte l'assaut heure par heure

Sept des huit personnes interpellées lors de l'assaut policier à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au nord de Paris, ont été relâchées. L'homme qui a fourni l'appartement à Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats parisiens, reste en garde à vue.

L’ombre d’un doute. Près d’une semaine après l’assaut de l’appartement où était retranché Abdelhamid Abaaoud, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la situation demeure confuse. Car les constatations de la police judiciaire réalisées dans l’immeuble vétuste dévasté par les tirs et éventré par une explosion posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses.
Comme l’a révélé RTL, seul un pistolet 9 mm a été retrouvé dans les décombres quand les policiers du Raid ont fait état de tirs intenses de la part des terroristes, au moins pendant les trente premières minutes de leur intervention, plus sporadiques ensuite. « Nous étions soumis à un feu nourri, avec de vrais professionnels face à nous. Ils tiraient par rafales ou en coup par coup, à tour de rôle, pour que le feu ne s’arrête pas », expliquait le jour même à notre journal Jean-Michel Fauverge, le patron du Raid. La police, de son côté, a tiré près de « 5 000 munitions ». D’où cette question : le Raid a-t-il utilisé des moyens disproportionnés ?
http://atelier.leparisien.fr/sites/attentats-novembre-2015-paris/2015/11/24/dans-les-decombres-de-saint-denis-un-unique-pistolet/


abaaoud Selon les services de renseignements, le Belge Abdelhamid Abaaoud, tué lors du raid des forces de l'ordre, aurait été derrière plusieurs attentats ou tentatives d'attentats en Belgique et en France. Celui qui s'affichait dans les images de propagande sous le nom guerrier d'«Abou Omar al-Baljiki» serait venu en personne s'installer aux portes même de la capitale pour superviser. Abdelhamid Abaaoud est déjà considéré en Belgique comme le cerveau présumé des attaques déjouées en janvier dans la ville belge de Verviers. Le 15 janvier, un réseau terroriste dont il semblait être le financier a été démantelé dans le petite ville belge. Le groupe, dont deux membres présumés sont morts dans l'assaut donné par la police, projetait des attaques contre des policiers et dans des commissariats. Selon une source du Figaro, Abdelamid Abaaoud est très probablement le superviseur de deux autres projets d'attentats avortés: celui du Thalys préparé par le Marocain Ayoub El Khazzani le 21 août dernier, et celui de l'église de Villejuif, fromenté par Sid Amed Ghlam.

Il a manipulé l'une des trois kalachnikov retrouvées dans la voiture des tueurs des terrasses. Cet élément, des traces lui appartenant retrouvées sur l'arme, renforce l'hypothèse de sa participation directe à ces attaques. Le jihadiste Abdelhamid Abaaoud a été filmé au soir des attentats par une caméra de vidéosurveillance à Montreuil, à proximité de l'endroit où a été retrouvée la Seat du commando des terrasses de bars et restaurants parisiens indiquait vendredi une source proche de l'enquête. Des caméras de vidéo surveillance de la RATP l'ont filmé à 22 h 14 à la station Croix-de-Chavaux, sur la ligne 9, à Montreuil le soir même des attentats. C'est à quelque 500 mètres de cette station de métro qu'a été retrouvée une Seat noire, la voiture utilisée par les terroristes pour mitrailler les terrasses. Cela laisse penser que le jihadiste belge aurait pu être présent à bord du véhicule pendant la tuerie et qu'une fois la voiture garée, il a repris le métro.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/attentats-abaaoud-a-manipule-une-kalachnikov-du-commando-des-terrasses-21-11-2015-5299405.php

Hasna Aït Boulahcen aurait adoré faire la « une » de Closer, « voir sa photo au milieu des stars et des VIP ». C’est une de ses copines qui le dit, une fille de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) comme elle, qui n’arrive pas à décoller du site Internet people depuis deux jours. Le nom d’Hasna s’affiche en énorme, titre après titre : « Elle voulait se marier avec un Afghan », « Elle applaudissait devant la télé le 11-Septembre », « Une petite fofolle à la joie de vivre ».

Pendant quelques heures, Hasna Aït Boulahcen, 26 ans, a été baptisée « la première femme kamikaze à se faire exploser en Europe », jusqu’à ce qu’il soit formellement établi vendredi 20 novembre qu’elle ne portait aucune ceinture d’explosif pendant l’assaut à Saint-Denis, mercredi 18 novembre. D’après nos informations, c’est en effet un corps « intact » qui a été amené aux médecins légistes.

C’est Hasna qui a fini par conduire malgré elle les enquêteurs jusqu’à Abdelhamid Abaaoud, le planificateur présumé des tueries à Paris. Les deux vies d’Hasna, vodka et niqab, se rejoignent sur son portable : des écoutes dans le cadre d’un trafic de stupéfiant avaient déjà été mises en place par la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, d’autres viennent d’être rajoutées par la sécurité intérieure à cause de sa parenté avec Abaaoud. Tous deux sont cousins, par leurs mères. Abaaoud a 28 ans, deux ans de plus à peine qu’Hasna. Au sein de l’Etat islamique, il doit notamment ses galons à son talent de recruteur en Europe.

D’après nos informations, à la suite des tueries, Abaaoud erre dans les rues sans point de chute. Il a besoin de costumes de rechange, deux au moins. Il appelle à l’aide sa cousine avant de se réfugier mardi 17 novembre, vers 21 h 30, à Saint-Denis. Ils sont localisés.

http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/21/hasna-ait-boulahcen-entre-vodka-et-niqab_4814800_4809495.html
hasna


Le kamikaze qui s'est fait exploser dans l'appartement de Saint-Denis, lors d'un assaut du Raid après les attentats du vendredi 13 novembre, n'est pas un homme connu de la police française, a affirmé samedi 21 novembre une source policière. Les enquêteurs ont réussi à isoler son ADN grâce à des fragments du corps retrouvés dans les décombres de cet appartement, selon cette source. Mais cela n'a pas encore permis d'identifier le kamikaze puisque son ADN ne correspond à celui d'aucune personne déjà condamnée ou mise en cause par la police en France, après comparaison avec le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg).
http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/attentats-a-paris-le-kamikaze-de-l-appartement-de-saint-denis-n-etait-pas-connu-de-la-police-7780594107

La riposte de l'état français est sécuritaire et liberticide

19 novembre 2015 :Comme on pouvait le craindre, le projet du gouvernement de proroger de trois mois l’état d’urgence pose de graves problèmes de libertés publiques et individuelles.

Pendant trois mois, pour les motifs les plus divers et sans contrôle préalable de la justice, soixante-six millions de personnes pourront :

Le vague des motifs qui pourront être invoqués, qui dépassent de beaucoup la prévention et la répression d’actes de terrorisme, permet à tout gouvernement de s’en prendre au mouvement social dans son ensemble.

http://www.ldh-france.org/on-lutter-contre-terrorisme-porter-atteinte-libertes/

Recenser les articles de presse qui parlent de possibles abus / dérapages liés à l'état d'urgence. Il sera utile notamment lorsqu'on aura à traiter la modification constitutionnelle annoncée par le gouvernement pour une extension / pérennisation de l'état d'urgence.
https://wiki.laquadrature.net/%C3%89tat_urgence/Recensement

Observatoire de l'état d'urgence : http://delinquance.blog.lemonde.fr/

20 novembre : C'est le premier couvre-feu instauré depuis les attentats du 13 novembre et la déclaration de l'état d'urgence.

À Sens, les rues du quartier sensible de Champs-Plaisants devraient encore être désertes dans les soirées de samedi et dimanche, de 22 heures à 6 heures du matin. La première nuit passée sous le dispositif - de vendredi à samedi - a été calme et tout s'est très bien passé, ont fait savoir les autorités. La préfecture assure que «la population a compris l'intérêt de la mesure». Cette mesure d'urgence, décrétée vendredi par le préfet de l'Yonne, Jean-Christophe Moraud, interdit la circulation piétonne et routière - sauf pour les véhicules d'urgence - et s'applique à l'ensemble des 7000 habitants de ce quartier de la ville.
«La violation du couvre-feu est punie de deux mois d'emprisonnement et d'une amende de 750 à 30.000 euros ou de l'une de ces deux peines seulement», rappelle l'arrêté du préfet, rappelant la loi de 1955. Vendredi, la préfecture ne souhaitait pas communiquer sur le dispositif des forces de l'ordre mis en place pour assurer le respect de cette interdiction nocturne de circulation.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/11/20/01016-20151120ARTFIG00326--sens-le-premier-couvre-feu-decrete-en-france.php

Loi rectificative de la constitution au sujet de l'état d'urgence votée à l'unanimité moins 6 députés

Je ne connais pas une démocratie qui accepte de changer sa Constitution dans l’urgence.

dès 1986, en réaction aux vagues d’attentats, des lois antiterroristes ont été votées, ainsi qu’après le 11-Septembre et les attentats de Madrid en 2004. Ces lois dotent les services de l’État de moyens considérables: extension de la garde à vue à quatre jours, report de la présence d’un avocat à la soixante-douzième heure contre douze ou vingt-quatre heures en temps normal, perquisition possible sans l’assentiment de la personne, création d’un corps spécialisé de juges d’instruction. La loi antiterroriste du 30 novembre 2014 prévoit l’interdiction du territoire des suspects candidats au djihad et crée un délit d’entreprise terroriste individuelle pour permettre d’appréhender même les personnes qui agissent seules.

Perquisitions de nuit, assignations à résidence, enquêtes, filatures, surveillance électronique, dissolution d’associations, expulsion d’imams appelant à la violence, tout est déjà prévu dans nos lois. Tout est déjà réalisable par les policiers, gendarmes et agents de renseignement sans prolonger l’état d’urgence. Le juge Trévidic pointe une seule cause majeure aux insuffisances des forces de l’ordre: le manque de moyens financiers et humains. Les moyens manquent parce que les gouvernements successifs ont diminué le budget de la Justice.

L’article 4 modifie significativement la loi de 1955 et confère plus de pouvoirs exceptionnels à l’autorité administrative sans intervention du judiciaire. Il redéfinit par exemple les personnes susceptibles d’être assignées à résidence: "Toute personne dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre public" devient "toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics". Nous sommes très loin d’une réécriture marginale. Pour mémoire: une personne assignée à résidence n’est pas une personne qui a commis une infraction, ce n’est pas un détenu. Avec la rédaction votée, on se rapproche d’une forme de détention administrative (douze heures à l’intérieur du domicile, bracelet électronique dans certains cas).

La défense de nos libertés publiques, si chèrement acquises, n’est nullement un obstacle à la lutte contre le terrorisme.
http://www.slate.fr/story/110359/six-deputes-contre-loi-etat-urgence-arguments



Etat d’urgence : « une marge de manœuvre bien trop large est offerte aux autorités »

Professeur de droit public à l’université Jean-Moulin Lyon III, Marie-Laure Basilien-Gainche, auteur de Etat de droit et états d’exception (PUF, 2013), s’inquiète des décisons prises par le gouvernement en matière de libertés publiques.
Modifier la loi de 1955 dans celle de prorogation de l’état d’urgence me laisse circonspecte. Il ne faut pas mélanger les genres et troubler ainsi la hiérarchie des normes. Il y a une loi qui est destinée à durer et une prorogation qui ne l’est pas. Il est à craindre que certains éléments ne finissent pas entrer dans le droit commun.
Par ailleurs, l’article sur la dissolution des associations qui est introduit me paraît inquiétant : quasiment toutes peuvent rentrer dans son champ d’application et se voir dissoutes avec pour seul recours le juge administratif.
De la même manière, la terminologie de l’article sur les perquisitions administratives est trop floue. Une marge de manœuvre bien trop large est offerte aux autorités. Le contrôle du juge administratif semble peu à même de sanctionner les atteintes démesurées aux libertés.
Les états d’exception doivent par définition être exceptionnels. Or, selon moi, ce n’est pas le cas des attentats du 13 novembre. On en a eu d’autres en janvier et il faut aussi regarder ce qui s’est passé à Beyrouth ou, ces dernières années, à New York, à Madrid, à Londres. Par conséquent, les actes terroristes ne sauraient être appréhendés comme des faits ponctuels demandant de recourir aux outils de gestion de l’exceptionnel.
Utiliser les moyens offerts par les états d’exception pour mener la lutte contre le terrorisme risque de conduire durablement à des atteintes aux équilibres institutionnels et aux droits fondamentaux qui frapperaient non seulement les supposés terroristes, mais bien tous les citoyens.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/11/19/etat-d-urgence-une-marge-de-man-uvre-bien-trop-large-est-offerte-aux-autorites_4813627_823448.html

ni la guerre, ni l'État policier instauré par la loi sur l'état d'urgence ne sauraient nous protéger d'une telle folie meurtrière

Ne nous y trompons pas : ni la guerre, ni l'État policier instauré par la loi sur l'état d'urgence ne sauraient nous protéger d'une telle folie meurtrière. L'échec patent des « guerres contre le terrorisme » et des multiples lois sécuritaires adoptées depuis quinze ans devrait pourtant nous servir de leçons. En s'interdisant de réfléchir sereinement à l'ensemble des causes de ces crimes atroces, de comprendre comment combiner l'action pour la sécurité dans le respects des droits fondamentaux et la consolidation de notre tissu social, nous sommes certains de sacrifier à la fois notre liberté et notre sécurité.
Or, malgré la montée de violences toujours plus graves, l'exécutif a systématiquement bloqué les efforts pour enquêter sur les causes des failles de sécurité et n'a qu'une réponse : « cela n'a pas marché, alors allons encore plus loin dans le sens d'une société de surveillance et de suspicion ». Le vote quasi-unanime du projet de loi relatif à l'extension de l'état d'urgence témoigne à cet égard d'un profond malaise démocratique indigne de la France. Les lois d'exception et la Constitution peuvent-elles être changées à la guise du pouvoir exécutif lorsque ce dernier considère qu'il n'a plus besoin d'un contre-pouvoir, le pouvoir judiciaire ?
Toutes les causes de la montée des violences et du fiasco des réponses sécuritaires devront pouvoir être étudiées, chacune dans sa propre échelle de temps: de la politique de renseignements aux engagements diplomatiques militaires et commerciaux de la France et de ses alliés, en passant par les multiples crises qui traversent la société française et qui alimentent le phénomène encore mal compris de la radicalisation.
Face à la déclaration de l'état d'urgence et aux annonces faites au cours de cette semaine, La Quadrature du Net demande aux responsables politiques de prendre le temps de la réflexion et de s'engager dans un examen minutieux, critique et transparent des engagements internationaux, diplomatiques, militaires, géostratégiques ou commerciaux de la France ; de réfléchir aux stratégies des services de renseignement, d'effectuer un véritable audit des actions menées en la matière ; de ne pas laisser la rhétorique guerrière nous entraîner sur le double terrain des « guerres de civilisation » et d'un affrontement civil interne à nos sociétés ; de s'interroger aussi sur les maux qui accablent la société française, les tensions identitaires attisées par une partie des élites politiques et médiatiques, les responsabilités collectives dans le phénomène encore trop mal compris de la radicalisation, la dissolution des perspectives de progrès social.
https://community.sumofus.org/petitions/pour-une-commission-d-enquete-parlementaire-sur-les-attentats-du-13-novembre

 L’état d’urgence est introduit dans le droit français en tant que nouvel état juridique à mi chemin entre le droit commun (qui caractérise la paix) et l’état de siège qui caractérise la guerre

D’une loi votée le 3 avril 1955, préparée sous le gouvernement de Pierre Mendès France, mais votée sous le suivant, dirigé par Edgar Faure. Cet état a été en vigueur trois fois durant la guerre d’Algérie : 1955, 1958 au moment de la crise de la IVe République et en 1961 durant le putsch des généraux. Dès le départ, il y a une ambiguïté dans les termes de cette loi : l’état d’urgence est choisi plutôt que l’état de siège, afin de taire l’existence de la guerre d’Algérie mais aussi de nier le statut de combattants aux nationalistes algériens. Cette ambiguïté demeure aujourd’hui.
Cette loi permet au préfet « d’instaurer un couvre-feu, de réglementer la circulation et le séjour dans certaines zones géographiques, de prononcer des interdictions de séjour et des assignations à résidence contre des individus. Il autorise aussi la fermeture de lieux publics, tels que des salles de spectacle, des cafés ou des salles de réunion, l’interdiction de réunions ou rassemblements, la confiscation des armes détenues par des particuliers, le contrôle de la presse, des publications, des émissions de radio ou encore des projections de cinéma et des représentations théâtrales.
L’état d’urgence permet d’instaurer le couvre-feu, d’interdire les réunions, de fermer les salles de spectacles ou les cafés, de procéder à des perquisitions de nuit sans contrôle judiciaire, de contrôler la presse, les publications et les émissions de radios. La mesure qui suscita le plus de critiques fut l’assignation à résidence.
Certains députés ayant connu le régime de Vichy, comme le communiste Pierre Fayet, rappellent que l’assignation à résidence ouvre la voie à la création de camps : « Sous le régime de Vichy, les arrêtés pris pour interner les personnes dans un camp de concentration ne parlaient également que de résidence». Si le ministre de l’intérieur de l’époque, Maurice Bourgès-Maunoury, les assure que ce ne sera pas le cas, les premiers camps ouvrent en Algérie dès le mois de mai 1955 (cette pratique de l’assignation à résidence est également un héritage de la période coloniale : avant 1944, le gouverneur général d’Algérie pouvait assigner des Arabes à résidence). Mensonge du gouvernement qui contourne facilement les oppositions parlementaires.
Les similitudes avec la situation actuelle ont de quoi faire frémir. En continuité totale avec la guerre d’indépendance algérienne, l’idée a été soulevée dès samedi 14 novembre 2015 par Laurent Wauquiez, Nicolas Sarkozy et Marine le Pen, proposant de créer des camps d’internement pour les citoyens français ayant une fiche S.
Un projet qui n’a pour l’instant pas été enterré par François Hollande et Manuel Valls, mais soumis au Conseil d’Etat. Plus inquiétant encore est le projet de loi sur l’état d’urgence déposé jeudi 19 novembre à l’Assemblée nationale sans aucune concertation ni temps de débat. Il va plus loin encore dans la dénomination de ceux qui pourraient être assignés à résidence :

« Le régime des assignations à résidence est modernisé et élargi à toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre public. »

Ceci va plus loin puisqu’on passe de la notion « d’activité » dans la loi de 1955 à celle de « comportement », bien plus floue. Ceci signifie donc que toute une gamme de personnes peuvent être assignées à résidence, pourquoi pas des opposants à la COP 21, en passant par les récents squatteurs du quartier des Moulins à Lille, qui ont connu une descente du RAID mardi 17 novembre au matin afin d’évacuer le squat !
http://www.vacarme.org/article2823.html

26 novembre 2015 C’est officiel : la France envisage d’enfreindre les Droits de l’Homme

La France a écrit au Conseil de l’Europe pour l’alerter qu’elle risque de déroger à la Convention européenne des Droits de l’Homme.

C’est officiel : la France envisage de déroger aux Droits de l’homme, dans le cadre de l’état d’urgence décidé après les attentats. Le gouvernement a lui-même envoyé un courrier au Conseil de l’Europe pour l’en informer. "Les autorités françaises ont informé le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe d’un certain nombre de mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence […], mesures qui sont susceptibles de nécessiter une dérogation à certains droits garantis par la Convention européenne des droits de l’homme", peut-on lire sur le site du Conseil. Une procédure nécessaire pour se prémunir d’un éventuel procès auprès de la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH).

L’article 15, où la possibilité d’une dérogation. La Convention européenne des Droits de l’Homme, dont le Conseil de l’Europe est le garant, oblige ses signataires à respecter une liste de droits fondamentaux : droit à la vie, interdiction de la torture, interdiction de l'esclavage et du travail forcé, droit à la liberté et à la sûreté, droit à un procès équitable, pas de peine sans loi, droit au respect de la vie privée et familiale, liberté de pensée, de conscience et de religion, liberté d'expression, liberté de réunion et d'association, droit au mariage, droit à un recours effectif ou encore interdiction de discrimination.

De quelles mesures parle-t-on ? L’état d’urgence, récemment élargi et prolongé pour trois mois, donne en effet le droit aux autorités françaises d’enfreindre certaines libertés. Premièrement, le ministère de l’Intérieur a désormais la possibilité d’ordonner des perquisitions, de jour comme de nuit, sans passer par une autorité judiciaire. Durant ces perquisitions, les policiers peuvent notamment fouiller et copier toutes les données informatiques qu’ils souhaitent. Ce qui, en temps normal, est jugé contraire au droit à la vie privée. Autre mesure concernée : l’élargissement des assignations à résidence à n’importe quelle personne pour laquelle il y a "des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre public". En temps normal, une telle mesure pourrait être jugée arbitraire est contraire à la liberté de circulation.

http://www.europe1.fr/societe/cest-officiel-la-france-envisage-denfreindre-les-droits-de-lhomme-2626649

29 novembre 2015 : Etat d'urgence , déjà d'énormes dérapages

Nous le savions déjà : suite aux attentats du 13 novembre, la grande marche et l’action de masse prévues en marge de la COP21 qui se tient au Bourget du 29 novembre (soit un jour plus tôt que prévu) au 11 décembre ont été annulées. Depuis, partout en France, les préfectures prennent des arrêtés interdisant les manifestations sous couvert de la loi relative à l’état d’urgence. Exemple parmi tant d’autres : la préfecture d’Indre-et-Loire a récemment interdit "toute réunion ou manifestation de voie publique [...] sur l’ensemble du territoire du département, quel qu’en soit le motif, à l’exception des hommages aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, pendant les journées du samedi 28 novembre 2015, du dimanche 29 novembre 2015, et du lundi 30 novembre 2015" comme le signale le site tourangeau La Rotative. En ligne de mire : "les manifestations à caractère revendicatif ou protestataire" par ailleurs énoncées en toutes lettres dans l’arrêté pris par la préfecture du Rhône, souligne le site.

Au-delà de ces interdictions, ce sont des militants zadistes et écologistes qui font l’objet de perquisitions. Ainsi, comme nous l’évoquions hier, le site Bastamag a raconté la perquisition d’un couple de maraîchers bio en raison de leurs activités militantes. En 2012, ils avaient bloqué le péage autoroutier de Mussidan pour protester contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Des perquisitions ont également eu lieu à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) nous apprend ce matin L’observatoire de l’état d’urgence du Monde.

Davantage encore : six personnes à Rennes ont été assignés à résidence ainsi qu’un membre de l’équipe juridique de la Coalition 21, structure qui regroupe près de 130 organisations – associations, ONG et syndicats – entendant peser sur l’accord de la Conférence pour le climat. L’homme en question, Joël Domenjoud, s’est vu assigné à résidence "au motif qu’il ferait partie de l’ultra-gauche parisienne qui veut remettre en cause la tenue de la COP" assure le site de la Ligue des droits de l’Homme qui s’offusque de cette décision et en demande la levée immédiate. Parmi les assignations que L’Observatoire du Monde a pu consulter, ces dernières "ont une durée limitée - jusqu’au 12 décembre, le lendemain de la fin de la conférence sur le climat - et visent clairement les éventuels mouvements revendicatifs qui pourraient entourer l’événement".

http://www.arretsurimages.net/breves/2015-11-27/Etat-d-urgence-COP21-les-milieux-alternatifs-vises-id19487

Rue89 s’interroge : "ces coups de filet serviraient-ils aussi à faire tomber des délinquants sans rapports directs avec le djihadisme ?" Avant de renvoyer au site Politis qui cite le responsable de communication au Syndicat des cadres de la sécurité intérieure CFDT (SCSI-CFDT) : "nous profitons de ce dispositif pour terminer des procédures que nous n’arrivons pas à judiciariser" avoue-t-il. De même, L’observatoire du Monde signale les propos de la directrice de cabinet du préfet des Hautes-Pyrénées qui, interrogée par La Dépêche du midi, prétend que "même si ces perquisitions n'ont pas un lien direct avec les événements terroristes, elles sont, a minima, liées par l'esprit."
Comment juger d’un "comportement" qui constitue "une menace pour la sécurité et l'ordre publics" ? Les médias s'intéressant à l'affaire sont pour l’instant réduits à recenser quelques cas suspects dans ce millier de perquisitions dont on ne sait si elles sont fondées ou non. Dernier exemple en date relevé aujourd’hui sur le site Bastamag : la perquisition d’une ferme ordonnée par la préfecture de Dordogne. Visiblement, raconte la maraîchère bio, la perquisition a un rapport avec ses activités militantes. Impression confirmée lorsque, après deux heures quarante de fouille, "les gendarmes évoquent enfin «un truc tangible», une action à laquelle Elodie et Julien [les exploitants de la ferme] ont participé il y a trois ans contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : le blocage du péage autoroutier de Mussidan". Les gendarmes sont repartis bredouilles. Là encore, la préfecture refuse de commenter.
http://www.arretsurimages.net/articles/2015-11-26/Etat-d-urgence-la-presse-noyee-sous-les-perquisitions-id8251

Recenser les articles de presse qui parlent de possibles abus / dérapages liés à l'état d'urgence. Il sera utile notamment lorsqu'on aura à traiter la modification constitutionnelle annoncée par le gouvernement pour une extension / pérennisation de l'état d'urgence.
https://wiki.laquadrature.net/%C3%89tat_urgence/Recensement

Observatoire de l'état d'urgence : http://delinquance.blog.lemonde.fr/

 


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