" Le comité Unitaire de MA a existé de 1978 à 1982. Il peut être important
de lire des positions vieilles de 17 ans pour voir l'esprit de continuité
des divers réformateurs de l'Ecole, de droite et de gauche, au moment où
apparaît le rapport Dubet, suite de la Mission Legrand et où avance à grand
pas l'informatisation de l'école. Pour ceux qui étaient trop jeunes, il
faut se rappeler de quelques faits. A cette époque:
- la flexibilité de la Fonction Publique était massivement supportée par
les auxiliaires et dans l'Education nationale par les MA mais les réformes
envisagées se proposaient d'utiliser les mouvements de MA demandant la
titularisation pour aboutir à une flexibilité plus grande, notamment en
permettant, par modification des statuts, de faire faire les remplacements
locaux "de courte durée" par les titulaires et en introduisant une plus
grande "mobilité" des titulaires par la création d'un corps de Titulaires
Remplaçants. Le comité de MA s'était opposé à cette nouveauté en expliquant
dés 1978 que le statut de TR était la "pièce maîtresse de la version
syndicale du plan d'auxiliarisation des titulaires" .
- les MA avaient 21 H de service ainsi que les PEGC (Professeurs
d'enseignement général des collèges): ils pouvaient enseigner plusieurs
matières ( deux en général pour les PEGC). Le SNI-Pegc ( un ancêtre du SE)
demandait pour ses ouailles la monovalence au moment où les différents
rapports de l'époque ( rapport Longuet, Rapport Rancurel) poussaient à
l'enseignement de plusieurs matières. D'où une position difficile pour le
SE qui, pour contrer le SNES - qui préparait déja la FSU- était bien obligé
de défendre la monovalence des PEGC tandis que sa défense habituelle des
réformes le portait à défendre les conclusions de la Mission Legrand sur
les collèges, c'est-à-dire entre autres que tous les enseignants enseignent
deux matières ( avec en plus des "activités pédagogiques"). Et c'est entre
autres pour ne pas déplaire au SE qui soutenait la mise en place de la
réforme - notamment l'expérimentation discrète des projets
d'établissements, forme achevée de la transformation de la gestion
manageriale des collèges - que les statuts des enseignants ne furent pas
modifiés sauf pour la création des titulaires remplaçants, ces titulaires
qui n'étaient plus tout à fait titulaires. "

2) Un extrait d'une brochure de Janvier 1981
"Le Comité Unitaire de MA fait progresser la Science:
Théorème : Tout Titulaire est un Auxiliaire en puissance
Corollaire : Tout auxiliaire doit disparaître"
qui prenait à contre pied les theses des syndicats et du gouvernement qui
s'appuyaient sur la necesité "philanthropique" de la titularisation des MA
pour precariser la majorité de la Fonction Publique ( tout en disant qu'il
n'etait pas possible de se passer des auxilliiaires) : le Comité de MA
s'était battu contre le corporatisme des auxilliares pour contrer la
tendance à favoriser temporairement une fraction des personnels pour en
fait attaquer la majorité d'entre eux. LeComité avait été le seul à publier
de larges extraits du Rapport Longuet, ce qui nous avait d'ailleurs valu
pas mal de contacts d'autres syndicats et pas seulement de l'Education
Nationale

3) Une extrait d'une brochure de Octobre 1981 :
Le Comité de MA dépasse la Science: "La vie en rose"

---------------------------------------------------------------------------

2)
/
"c) Tactique intelligente du gouvernement
On peut constater que le gouvernement de plus agit intelligemment : si
Longuet explique que « ses propositions sont encore irréalistes dans le
cadre actuel de la fonction publique » (L 37) c’est qu’il est risqué
d’attaquer massivement la majorité des catégories de fonctionnaires en
détruisant d’un coup toutes leurs protections traditionnelles sans
provoquer une révolte. Dans ces conditions, tout en poursuivant fermement
ses orientations :
1°) Le ministère agit au coup par coup : attaquant les catégories les plus
défavorisées (licenciement des auxiliaires, mobilité des néo-titulaires) et
les plus isolées en jouant sur l’esprit aristocratique et de défense de la
hiérarchie de couches plus favorisées qui vivent dans l’illusion que ça ne
sera jamais leur tour : elles se croient toujours protégées par un diplôme,
un concours, une formation, une ancienneté, une « qualité » que « les
autres » n’ont pas. Un exemple typique de cette tactique gouvernementale
est le projet Rancurel : s’il nous permet de connaître les grandes lignes
des projets gouvernementaux, le fait qu’il ait été retiré n’est pas dû,
comme le prétendent les syndicats - "abandon définitif", dit le SNES - à
leur action, (quelle action au fait ?), mais au fait qu’il aurait suscité
une révolte en attaquant tous les professeurs de collège à la fois et nous
avons montré que, s’il semble disparaître en tant que tel, ses grandes
orientations demeurent et sont même déjà appliquées à quelques catégories,
ce qui accentue les divisions.
De la même manière quand tous les nouveaux instituteurs on été nommés
instituteurs remplaçants, que pendant les mouvements des normaliens, les
syndicats d’instituteurs, n’ont, ni expliqué la nécessité de se battre, ni
préparé ou organisé la bataille ; quand les instituteurs ont bougé l’année
dernière, les syndicats de professeurs ont eu la même attitude… D’où une
division toujours accentuée.
"
/
" "Après cette longue citation de l’accusé Fauveau [ Membre de Unité et
Action qui defendait les TR]qui nous semblait nécessaire car il montre une
intéressante conception syndicale : revendiquer une mesure allant dans le
sens des attaques du gouvernement par la création d’une nouvelle catégorie
( Il n’y en a probablement pas assez. Créera-t-on un nouveau syndicat pour
eux?) et par la création de primes, nous pouvons conclure que le traitre
Fauveau n’est pas seul coupable. En effet toutes les organisations
syndicales qui proposent la création de titulaires remplaçants (le SNALC
vient de s’y rallier) sont obligés de proposer des mesures de même type :
en effet proposer des mesures signifiant la précarisation des conditions de
vie et de travail d’une catégorie sociale suppose qu’on enrobe d’un certain
nombre d’aménagements destinés à empêcher la riposte en accentuant les
divisions des couches visées par l’obtention de quelques avantages
temporaires particuliers.
D’autre part, les syndicats spéculent sur le fait que :
a) tant qu’une lutte réelle n’est pas organisée pour défendre les
auxiliaires, ceux-ci n’ayant comme espoir maximum qu’une place de
semi-titulaire, c’est à dire mobile (les auxiliaires titularisés come AE
sont d’ores et déjà des titulaires mobiles et remplaçants), préfèrent
naturellement cela au licenciement.
b) tant qu’une lutte réelle n’est pas menée pour défendre les conditions de
travail de tous, les revendications « création de postes de titulaires
remplaçants ? » qui est elle même une attaque contre les titulaires, ne
pourra apparaître comme ; « s’inscrivant dans le cadre de l’élargissement
des garanties statutaires » (Fauveau cité), que dans la mesure où les
attaques gouvernementales se feront plus radicales. IL S’AGIT LA D’UNE
TACTIQUE CONSTANTE DU MINISTERE ET DES LARBINS SYNDICAUX ; ANNONCER DES
PROJETS « AFFREUX » POUR FEINDRE UN RECUL EN FAISANT PASSER DES PROJETS «
SIMPLEMENT INFECTS ». Mais de toutes façons les projets « affreux »
passeront plus tard s’il n’y a pas de riposte.
[ Note de Mai 2000 : on peut constater que c'est toujouirs la tactique à
l'oeuvre. Le Snes feint de lutter à un moment donné contre ce qui ne risque
pas de passer pour pouvoir presenter comme une victoire de laisser passer
ce qui devait passer. Le rapport quatitatif entre ce qui est annoncé et ce
qui passe dependant de la difficulté que le SNES et autres ont eu à
maitriser le mouvement social. Quant à la question de la soumission de
l'education au marché, c'est certes une question qui depasse le cdre des
calculettes, des ordinateurs et de la carte de competences mais la
position du SNES [ou du SNUIPP , ou de ... et de tous ceux qui batissent
déjà leur clientéle sur la lutte contre la mercantilisation : le PAPE y est
et il ne reste plus qu'à ce que le FMI s'opposent aux excés du
mercantilisme pour que tout tout le monde combatte une abstraction qui
n'aura plus aucun support humain] sera, bien sur de s'oposer à la
mercantilisation mais
- en ne s'opposant pas à l'invasion des calculettes ( et m^me en sotenant
des revues qui donnet des conseils pedagogiques pour l'utilisation des
calculettes)
- en ne s'opposant pas à l'utilisation des traitements de texte tant que
les eleves ne savent pas ecrire ( il est même à supposer qu'il va demander
une formation pedagogique pour l'utilisation des TdT en primaire et il
peut même la demander sous Linux ce qui fait que le TdT ne plantera plus)
- en ne se demandant

Enfin si cette mesure passe, elle signifiera une situation de division
accrue : en effet, les MA apparaîtront aux titulaires comme les
responsables de la précarisation de leur situation, comme le suggérait
Beullac. Lorsqu’il dit « Quand les titulaires accepteront d’être
auxiliaires, je titulariserais les auxiliaires » (Dijon le 15.9.80 cité par
Su n° 791) et Beullac ajoute « Les syndicats sont au pied du mur. Ils
doivent appliquer les règles de solidarité et accepter que les titulaires
subissent une gestion souple ». Attention Beullac, tu vas dévoiler le pot
aux roses. Et ainsi le gouvernement pourra avancer d’un pas de plus dans
les perspectives du rapport Longuet sans avoir à craindre de riposte.

---------------------------------------------------------------------------------------------
3)
II - UN AVENIR RADIEUX (attention ! c’est aussi pour les titulaires)
Petit retour en arrière : nous avons montré, textes à l’appui dans notre
brochure, que la condition du bon fonctionnement du système est le maximum
d’économie sur les salaires, l’augmentation de la charge de travail des uns
alors que les autres sont au chômage.
Or, les économies de gestion de l’E.N. se heurtent à l’obstacle des «
garanties statutaires » des fonctionnaires qui sont au nombre de 3 :
garantie du poste fixe,
de la fonction fixe
de l’emploi.
D’où la mise en avant par la précédente administration de la mobilité
obligatoire du fonctionnaire (mobilité géographique et fonctionnelle) et la
perte de la garantie de l’emploi prévues par le rapport du député UDF
Longuet (qui visait, au bout du compte, à la transformation de 4 titulaires
sur 5 en auxiliaires et le rectorat en ANPE). Nous avons montré également
que ce système se mettait en place progressivement : par exemple, par le
projet RANCUREL qui prévoyait un « personnel unique, utilisable pour des
emplois variés et des horaires mieux ajustés », environ 35 h de présence
dans l’établissement et multiplicité des fonctions : doc. Conseiller
d’éducation, réunions diverses, etc..

Ouf ! se sont dit les enseignants : la gauche est passée aux élections,
plus de risques.
ERREUR !
1) Dans la réunion préparatoire du rapport Longuet sur la réforme des
fonctionnaires, en mars 79, Michel Aurillac déclarait : « Je me sens plus
proche, à certains égards, de certains socialistes comme Jacques Delors, ou
Rocard que de certains U.D.F. jacobins » et montrerait que leurs
convergences étaient surtout nettes dans le domaine de la décentralisation
et de l’E.N.(voir l’article « La France Fonctionnaire » in «
Figaro-Magazine » du 28 Avril1979, disponible au comité).
2) Le dénommé Rancurel qui avait le mieux appliqué le rapport LONGUET à
l’Education Nationale était directeur des collèges (poste soumis à
nomination gouvernementale) et y est toujours (voir sa signature dans les
actuels B.O.)
3) A la question : « Envisagez-vous de redéfinir les tâches des enseignants
? », Savary, dans le « Monde de l’Education » (sept. 81/p.10), répond :
« Aujourd’hui, je ne peux me placer que dans ce cadre-là…je m’emploierai à
changer l’état d’esprit des maîtres ».
Disons que si les M.A. sont encore considérés comme des maîtres et non
comme des esclaves, il a déjà redéfini leurs tâches. Ceci est d’autant plus
prometteur qu’il demande (dans la circulaire n° 81-368 déjà citée » aux
recteurs « de suivre avec une attention particulière ce qui doit être
considéré comme un dispositif expérimental de remplacement organisé dont il
faudra tirer le maximum d’informations pour la mise en place d’un système
définitif ».
Système définitif qui sera réservé aux titulaires pris comme des RAT
faisant le tour de l’académie.
4) Quant au chef Mitterand, il se déclare favorable à « l’école
fondamentale » : on nous servira toutes les justifications et contre
justifications pédagogiques possibles – miel avec lequel on englue
l’enseignant -, leur seule fonction étant de dresser les différentes
catégories d’enseignants et de syndiqués les unes contre les autres. Ce
projet a un intérêt économique évident :
- les maîtres seront polyvalents (Rancurel n’est pas resté pour rien)
- moins de maîtres et plus de boulot avec comme idéal l’instituteur faisant
cours à 5 niveaux différents.
Quand les M.A. auront disparu, ça habituera les titulaires à la
polyvalence. Pourquoi croyez-vous qu’on favorise les soutiens,
approfondissements, rattrapages qui n’ont jamais rien rattrapé ? C’en est
fini de la monovalence des certifiés ; quant aux PEGC ils ne compteront
plus les matières à enseigner (voir le même n° du « Monde de l’Education »,
page 45).
5) Les syndicats qui ne défendent toujours pas les auxiliaires
défendraient-ils les titulaires ?
Le SGEN demande depuis bien longtemps les « 35h pour tous » et donc 35 h
dans l’établissement pour les enseignants. Il n’a pas changé.
Le SNI-PEGC, dont tout le monde pensait qu’il obtiendrai pour ses ouailles
la parité avec les certifiés (18h de service) ne demande plus que « 18h en
présence des élèves ». Et le reste alors ? Au même moment, le ministre
commet une indiscrétion sur ce que sera le temps de travail des PEGC en
écrivant dans la note de service n° 81-362 du 28.9.1981 (BO n° 36) que les
stagiaires PEGC 2° année, recrutés en 81 feront 21h en 82-83. Alors,
combien d’heures par semaine en 83-84 pour tous les PEGC ?
Quant au SNES, qui se présente toujours comme le grand défenseur du statut,
qui pourfend sans arrêt SNI-PEGC, SGEN et tutti-quanti, il déclare par la
bouche de B. Fauveau (US n° 23 du 11.3.1981, Pg. 12), rapporteur à la
commission MA-remplacement,
« les problèmes des très courtes absences ne doivent-ils pas être résolus
dans le second degré dans le cadre d’une autre organisation de la vie des
établissements ? ».
Est-ce possible sans toucher aux garanties statutaires ? Cette politique du
SNES explique aussi sa réaction favorable à l’« abrogation » de la
circulaire du 5 novembre 1980 qui prévoyait le remplacement obligatoire par
des titulaires des heures supplémentaires de leurs collègues absents. La
circulaire n° 81-309 du 25.9.1981, qui abroge la précédente, précise : «
Après concertation avec les intéressés, le chef d’établissement utilisera
la possibilité traditionnelle de recours aux H.S. pour assurer les
remplacements de courte durée des professeurs absents ».(Pas
obligatoirement dans la matière du prof. Absent). Les syndicats disent que
l’avantage est que ce n’est plus obligatoire, mais la différence devient
très mince lorsqu’on sait que le PS et le PC poussent à l’intérieur des
Fédérations de parents d’élèves pour faire des procès pour manquement au
service public quand les enseignements ne sont pas assurés.
Si on on refuse, qui sera considéré comme responsable?
Nous voyons donc que, dans l’ensemble, la majorité des enseignants sera
attaquée et que les syndicats marcheront, comme d’habitude et mieux que
d’habitude, dans la combine.
Alors, venons-en à ce qui est la question-clé dans l’attaque contre la
garantie juridique de stabilité du poste des enseignants de second degré.
Nous avons nommé :
LE TITULAIRE REMPLACANT (T.R. )
( Pour plus de renseignements: Cf :"Le Comité de MA fait progresser la
Science")
En effet, quelle meilleure idée pour attaquer la garantie de poste que de
créer le titulaire-remplaçant qui est une contradiction en lui-même :
titulaire mais pas de poste ou titulaire d’un poste non fixe. (Après, il ne
reste plus qu’à trouver le titulaire-auxiliaire** pour que le titulaire ne
soit plus qu’un mot vide de sens). D’ailleurs, le SNI-PEGC, qui n’en rate
pas une, le nomme « titulaire mobile », ce qui doit beaucoup plaire à
LONGUET qui plaidait pour la mobilité des titulaires.
L’important n’est pas le nombre de personnes atteintes (voir note) mais
l’inscription juridique de la mobilité dans le statut du titulaire qu’il
suffira ensuite d’étendre. Les motifs ne manqueront pas pour justifier la
mobilité : notamment les mouvements de population qu’entraînent les crises
et qui vident déjà certaines écoles pour en surcharger d’autres. Tout ceci
sans compter les suppressions de postes par « économie » qui devraient
s’accentuer encore par l’augmentation du temps de travail et la
diversification des activités de chacun. Et là, tous les syndicats sont
d’accord, du SNALC à l’EE (depuis qu’elle l’a confirmé publiquement à
Bordeaux) en passant par le SNC, la CGT, le SNI, le SNES, etc.. et c’est la
seule revendication exprimée clairement sur laquelle ils sont tous d’accord
(avec la main sur le cœur bien sûr puisqu’on l’associe à la titularisation
des M.A.).
Et on peut déjà imaginer ce que sera le titulaire remplaçant puisque Savary
lui-même explique que les M.A. rodent ce système cette année. C’est aussi
la position du SNES dans le bulletin n° 2 du S3 du SNES)
Note : encore que le SNES demandait plus de 20 000 TR dans l’US n° 23 du 12
Mars 1980(c.a.d. 1 sur 14). Le SGEN, plus exigeant en veut 1 sur 10
titulaires dans IDS n° 31 du 2 nov. 79. Mais ce plafond est nettement crevé
par la « note transmise par la FEN et ses syndicats nationaux dans le cadre
des discussions sur l’auxiliariat » (cité par l’US n° 29 du 21/5/80). Le
nombre de TR nécessaire serait supérieure au nombre d’auxiliaires : il en
faudrait plus de 50 000 c.a.d. plus d’un enseignant sur 5.
Cette situation n’est pas très alléchante et il va falloir que les
syndicats la repeignent en rose pour qu’elle apparaisse comme enviable car,
en l’état, c’est à dégoûter même un M.A. à qui on fait miroiter la garantie
de l’emploi (c’est bien la seule qui reste et pour combien de temps ?)

** le mot existe déjà pour les M.A de l’enseignement privé et existera
après réunification du grand service public laïc.
Pour ce camouflage de la situation réelle du T.R. différentes solutions
sont envisagées :
a) Pour ne pas repousser les gens qui risquent de ne pas vouloir finir leur
vie comme titulaires-remplaçants, le SNES dit qu’il ne s’agira pas d’un «
corps », ce qui prouve déjà qu’il reconnaît que sa trouvaille est une attaque.
b) l’E.E. affirme : « Si un corps de titulaires-remplaçants est mis en
place, il n’est pas question que les auxiliaires soient titularisés dans ce
cadre s’ils n’en font pas le choix »- pourquoi ne le choisirait-on pas si
c’est si bien que ça ? – (Annick CHAMPEAU, élue E.E. à la C.A. du SNES, in
US n° 22 du 4.3.81). Affirmation que le comité récuse. Il ne lutte pas pour
que les auxiliaires « prennent la place » des titulaires et sa position n’a
jamais été de dire que les sales boulots étaient bons, mais pour les
autres. Un test intéressant : demandez à un partisan des T.R. s’il est
lui-même volontaire pour le devenir. Nous l’avons fait à la réunion du SNES
du 30 Septembre 1981: personne n’était volontaire, surtout pas les
dirigeants, et pourtant le SNES en veut plus de 20 000.
c) L’autre grande affirmation est que les T.R. seront volontaires. Or, qui
sera volontaire ? Celui qui sera suffisamment coincé pour T.R. soit un
progrès pour lui : nous disions déjà, en février 80, que les « T.R.
seraient des ‘volontaires’ qui …. Auraient le choix entre un poste
peut-être fixe à 800 km de chez lui et des voyages journaliers dans
l’académie » (cf. notre brochure, page 4). Et c’est là que le SNES spécule
sur les difficultés de certains quand il dit « que les emplois de T.R.
constituent « une possibilité supplémentaire d’obtenir un rapprochement
géographique » (US n° 23 du 11.3.81 déjà cité) – avec droit de visite au
foyer une fois par semaine- ?
Le SNES, qui pense à tout, écrit dans le même article : « Mais il y a aussi
des besoins dans des régions peu demandées. Ne faut-il pas prévoir, pour
ceux qui seraient volontaires pour de tels emplois, des compensations
lorsqu’il redemanderont un poste fixe dans un établissement, par exemple
sous la forme d’une bonification de barème ? » Des compensations pourquoi,
en fait ?Autrement dit, il faut être T.R. pour avoir une bonification et en
sortir au plus vite.
Soyez T.R. dans le Nord, après vous pourrez être T.R. dans le Sud.
Et puis il y aura tous ceux qui seront encore moins volontaires que les
précédents ; dans l’E.N. tout est barème pour le volontariat et quand les
postes de T.R. seront au mouvement (position du SNES), celui qui aura un
barème insuffisant sera T.R.. Ce qui veut dire que les nouveaux promus
(certifiés, agrégés, PEGC) ont toutes leurs chances. Mais, pour atteindre
les 20 000, il va falloir en trouver d’autres. Quant aux nouveaux A.E.,
selon la circulaire 81-309 du 25.9.81 (B.O. n° 31), ils sont déjà à pied
d’œuvre ; « pour constituer ces équipes de remplacement, il sera fait appel
exclusivement- sauf volontariat de la part des anciens A.E. – aux A.E.
nouvellement recrutés et mis à votre disposition » (texte adressé aux
recteurs, aux I.A. et aux chefs d’établissements).
Comme quoi le ministre n’a pas l’air d’avoir trop d’illusion sur le
volontariat. De plus, pensez-vous que les milliers de M.A. dont on nous
promet la titularisation (le chiffre reste encore à préciser) le seront
comme agrégés, certifiés ou A.E. ? Et si le T.R. apparaît pour ce qu’il
est, c’est-à-dire une attaque, le gouvernement et les appareils syndicaux,
bien au chaud dans la douce ambiance des négociations syndicales organisées
pendant des heures de décharge, ne présenteront même plus le T.R. comme un
« élargissement des garanties statutaires » (même article de l’US) mais
comme un effort de solidarité nationale pour des nantis qui peuvent bien
accepter ça puisqu’ils ont les garanties de l’emploi.
Face à cette attaque contre tous - et qui est présentée comme « solution au
problème de l’auxiliariat »- , le comité unitaire de M.A. ne peut
qu’appeler tous les enseignants à lutter pour la « titularisation
immédiate, sans condition, sur poste fixe, dans sa matière, de tout M.A. Y
compris, par exemple, les MI-SE en fin d’engagement que Savary se propose
d’engager comme M.A. mais sans « les considérer comme M.A." (cf. circulaire
31-368 du 1.1O.81) pour ne pas alourdir les frais de titularisation.
Si nous comprenons bien, le plan de titularisation commence par l’emploi de
non-titulaires auxquels on apprend tout de suite qu’ils n’ont aucune chance
d’être titularisés.

----------------------------------------------

  web compteur